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Mohamed Gharnaout, Expert, analyste financier et ancien cadre de la Banque d'Algérie
“La dévaluation augmentera l'inflation et le chômage”
Publié dans Liberté le 22 - 02 - 2012

Dans cet entretien , cet expert financier aborde les effets de la dévaluation du dinar sur les prix, l'emploi et la croissance économique.
Liberté : Le début de l'année 2012 a été marqué par un recul de la parité dinar/euro. S'agit-il là d'une dévaluation ou d'une dépréciation de la monnaie nationale ? Qu'est-ce qui aurait justifié selon vous cette décision de la Banque d'Algérie ?
Mohamed Gharnaout : Je dois préciser au départ que ce n'est pas au début de l'année 2012 qu'a commencé la chute du dinar vis-à-vis de l'euro mais bien à partir de 2009 qui coïncide avec une baisse assez inquiétante du prix de pétrole - atteignant 35 dollars US le baril à un certain moment- ce qui a du provoquer une panique généralisée au niveau des autorités politiques.
Bien que le prix moyen annuel de pétrole a atteint plus de 62 dollars, les conséquences sur l'économie ont été néfastes et notamment sur la balance courante dont le solde excédentaire a chuté de 34 milliards USD en 2008 à 0,4 milliards USD en 2009 alors que de solde globale du trésor est passé d'un excédent de 907 milliards de DA à un déficit de 713 milliards de DA sur la même période, pour ne donner que ces deux exemples.
La chute du dinar vis-à-vis de l'Euro s'est accélérée en fin 2011 en raison de l'augmentation des importations enregistrée durant le premier semestre de la même année et notamment des produits alimentaires dont les importations du premier semestre représenteraient la totalité des importations des mêmes produits en 2010 ?!!
L'objectif de cette dévaluation et non dépréciation puisque nous sommes toujours dans le cas d'un taux de change fixe même s'il s'agit d'un “flottement dirigé” - il aurait été une dépréciation si le dinar flottait naturellement par rapport à d'autres monnaies- étaient de réduire les importations.
Cependant, compte tenu du fait que les plus importants investisseurs et les plus importants importateurs notamment pour les produits alimentaires stratégiques sont des opérateurs publics, une question se pose: pourquoi dévalue –t'on la monnaie et rendre plus chers ces importations? L'économie nationale était-elle en surchauffe et qu'il fallait cette mesure pour la refroidir ?
Pour une question fiscale ? Je l'aurais partiellement compris dans le cas de 2009 mais pas en 2010 et 2011 où les prix de pétrole moyens ont dépassé les 80 dollars.
Il y a de cela moins de deux ans et à partir d'Alger, le FMI considérait le dinar pratiquement à sa juste valeur. Les analystes et opérateurs nationaux, pour la plupart, y voient autrement. Quelles appréciations portez-vous sur la valeur réelle du dinar, de notre politique des changes et de manière globale de la politique monétaire ?
En disant que le dinar était à sa juste valeur, le FMI, ne parlait pas du taux de change nominal mais du taux de change effectif réel. C'est-à-dire du taux nominal corrigé des différentiels d'inflation avec les principaux partenaires économiques du pays notamment.
La stabilité du taux de change effectif est destinée à promouvoir les exportations hors hydrocarbures. Mais notre pays n'a ni excédent exportable ni un “supply chain”, c'est dire, de chaîne de logistique pour ce faire. La politique de change actuelle n'est ni claire comme on vient de le voir avec la constante dévaluation du dinar vis-à-vis de l'Euro depuis 2009, qui n' a été expliquée aux opérateurs économiques.
A ma connaissance le gouvernement de la banque centrale n'a jamais rencontré les opérateurs économiques pour leur expliquer la politique de change pratiquée par son institution et le marché des changes reste le monopole de la banque centrale. En ce qui concerne la politique monétaire, le marché monétaire est géré par la banque centrale et le taux d'intérêt ne joue aucun rôle normatif.
Le crédit est encouragé mais reste largement non transparent.
Enfin pour terminer cette question, même si votre question ne concernait pas ce volet, le marché financier est dominé par les émissions d'obligation et notamment dans l'institutionnel alors que le marché secondaire des actions a connu un recul terrible avec la sortie d'Eriad Setif.
Il patauge ou végète depuis 20 ans. Notre pays possède un système financier parmi les plus archaïques du monde.
Logiquement toucher à la valeur de la monnaie viserait la réduction des importations et le dopage de la compétitivité des produits locaux pour l'export. Sommes-nous raisonnablement dans ce contexte sachant que nous importons presque la totalité de nos besoins et que nous peinons à développer l'industrie locale, ne serait-ce que pour satisfaire la demande domestique ?
En théorie, la dévaluation d'une monnaie a pour objectif la réduction des importations et l'encouragement des exportations des produits non traditionnels (Hydrocarbures et dérivés ainsi que les produits miniers). Or ce qui s'est passé, est le contraire. Non seulement les exportations non traditionnelles n'ont pas cru mais mêmes les importations n'ont pas cessé d'augmenter et ce malgré les mesures administratives de restriction des importations prises en 2009 dans le cadre de la loi de finances complémentaire. Ce qui veut dire que les importations du pays concernent, peut être, des produits insensibles au prix, non trouvables sur le marché local et très demandés par la population au point de les acheter à n'importe quel prix ! Pire encore, les dernières statistiques du recensement économique révèlent que non seulement notre économie est devenue une économie de bazar mais qu'on n'avait pas une industrie pour remplacer les exportations des hydrocarbures même à moyen terme. Où sont passés les milliards de dollars dépensés pour le secteur public ? N'est-il pas temps de faire une évaluation de la politique économique développée jusqu'ici et d'en tirer les conclusions.
Finalement, quels impacts prévoyez-vous à cette décision ?
Essentiellement. Car il faudrait tout un livre pour détailler les impacts de la dévaluation sur l'économie nationale. Disons qu'au plan du secteur réel, la dévaluation conduit au renchérissement de toutes importations. Pour les biens de consommations, il y a globalement deux sortes : ceux qui ne sont pas subventionnés et dans ce cas la dévaluation va se répercuter directement sur le prix final et donc sur l'inflation de ces produits et ceux qui bénéficient de la subvention de l'état, l'impact se fera au niveau de cette dernière qui va augmenter. Le renchérissement des biens d'investissements conduit à une baisse de ces produits et partant à une augmentation de chômage qui est déjà à un niveau inquiétant malgré le développement d'une foultitude de programmes d'emplois d'administratifs alors que l'augmentation des intrants conduit à une augmentation des coûts de productions et partant des prix de revient. L'effet conjugué de toutes ces augmentations engendre une inflation par les coûts et partant à une baisse du pouvoir d'achat de la population qui peut déclancher des mouvements de grèves suivis de demandes d'augmentation des salaires, bref un scénario que le pays a vécu en 2010 et 2011. Le PIB en volume devrait en conséquence se contracter. Au plan monétaire, les avoirs extérieurs du système bancaire et notamment de la banque centrale et les crédits à l'économie, surtout, pour le secteur public vont augmenter, ce qui rend encore plus vulnérables et ces entreprises et leurs banques respectives.
L'augmentation des prix engendre également un accroissement de la propension à consommer des revenus des ménages et des entreprises et partant une baisse des dépôts auprès des banques.
Au plan des finances publiques, la dévaluation conduit à court terme à une augmentation des recettes fiscales sur les produits importés d'abord (à travers les droits et taxes) puis sur les autres produits du fait de l'inflation (taxe d'inflation). Ce qui permet à l'état de financer les subventions des produits de première nécessité, refinancer et recapitaliser les banques publiques et même d'augmenter les salaires ! Ce qu'on dénomme chez nous par l'expression " mellahyetou bekharlou ". Au plan du secteur extérieur, la dévaluation devait conduire à une baisse des importations mais cela n'a pas été le cas. Alors que si les importations continuent de croître et à moins d'autres dévaluations, l'augmentation généralisée des prix devrait conduire à l'érosion et des réserves de change et du fonds de régulation des recettes des hydrocarbures plus tôt que prévu.
Vous avez répété à plusieurs reprises le mot prix, ce qui, par asymétrie, nous renvoie à la problématique des subventions. Ne pensez-vous pas que la question de la vérité des prix doit être réétudiée ? Faut-il bannir ou revoir la politique des subventions ? Et que préconisez-vous à ce propos ?
Je ne connais pas l'objectif visé par les autorités politiques mais si c'est la croissance économique comme pour tous les responsables des pays du monde alors ils se sont plantés complètement sur l'instrument à utiliser en absence de produits exportables. C'est connu, la dévaluation a généralement deux effets concomitants : la réduction de la dépense (exchange reducing policy) et partant celle du PIB et le déplacement de la dépense (exchange shifting policy) qui signifie qu'on doit délaisser les industries non rentables et l'on ne doit investir que dans les industries où le pays a un avantage économique, ce qui a conduit, à travers toutes les dévaluations qui ont eu lieu à partir de 2006, au démantèlement de tout notre appareil de production et notamment les industries hors hydrocarbures.
La réduction de la dépense étant envisagé à travers et par l'augmentation des prix. Faut-il bannir ou modifier la politique de subvention ou au contraire aller à la vérité des prix ?
Si la vérité des prix doit être un objectif à moyen terme à l'effet d'avoir une transparence en matière de prix et partant une meilleure gestion et de la politique monétaire en terme d'allocation efficiente des ressources en particulier et de la politique économique en générale, celle-ci doit obéir à un processus graduel qui doit commencer dès aujourd'hui alors que les salaires ont été largement ajustés. La subvention doit être remplacée par un système de distribution des produits de première nécessité aux nécessiteux ou aux vulnérables. Faut-il également appliquer le juste prix du dinar en matière de change ? Pour un pays mono exportateur comme le notre, cela n'est pas recommandé.
M. Y.


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