Des interventions stériles dans un hémicycle désert. L'important projet de loi de finances 2014, présenté avant-hier par le ministre des Finances lors d'une séance plénière à l'APN, ne semble pas brancher les députés. L'hémicycle a été presque vide durant la séance d'hier qui devait être consacrée au débat. Les interventions «stériles» tranchent d'avec la polémique suscitée par les prévisions et certaines dispositions de ce texte. Les membres de l'assemblée n'ont même pas esquissé un semblant de débat devant suivre la présentation de ce projet, une dernière loi de finances avant la présidentielle et de surcroît englobant l'ensemble des secteurs et comprenant les orientations et la stratégie économique du gouvernement. Paradoxalement, ce texte a été plutôt critiqué par l'ancien ministre des Finances, Abdelkrim Harchaoui, également député et cadre dirigeant du RND, un parti proche de l'Exécutif. L'étude de ce texte produite par le groupe parlementaire de l'Alliance de l' Algérie verte (AAV) n'a fait que reprendre l'analyse faite par Abdelkrim Harchaoui. Dans sa lecture dudit texte, faite la semaine écoulée, l'ex-ministre des Finances a souligné d'emblée, que la loi de finances 2014 cache mal les empreintes des perspectives de l'échéance présidentielle. Cette loi est caractérisée par un populisme exagéré qui risque de mettre en péril l'avenir des futures générations. «L'Algérie qui a dépensé un montant astronomique de plus de 500, voire 600 milliards de dollars durant les trois mandats de l'actuel locataire du Palais d'El Mouradia, dont 286 milliards depuis 2006, n'a réussi à obtenir en fin de compte qu'une très maigre croissance de 3,4% en 2012. Des résultats ne concurrençant même pas ceux réalisés par des pays du continent noir avec des ressources et potentialités infiniment très inférieures à ceux de l'Algérie», dixit M.Makri. La dévaluation du dinar (9%) se répercutera négativement sur le pouvoir d'achat des ménages. Par contre, selon certains spécialistes, les seuls gagnants en fin de compte ce sont les firmes étrangères. Les transferts sociaux estimés à 1600 milliards de dinars pour l'année 2014, appuie-t-il, représentent 20% du budget de l'Etat. 400 milliards de dinars affectés pour le soutien pour des familles dont 205 pour la subvention des prix de produits de large consommation, 250 milliards pour le soutien des retraites, 315 milliards pour la santé... etc. 942 milliards sont destinés aux exonérations et réductions fiscales, 66 milliards pour le foncier, 620 milliards pour l'électricité, 625 pour le gaz, soit 775 milliards de dinars pour la subvention des prix du carburant.Le total du montant affecté aux subventions tous azimuts est de l'ordre de 4 800 milliards de dinars. A cela s'ajoutent les fonds affectés au soutien à l'emploi des jeunes. Par conséquent, fait-il savoir, le déficit du Trésor public en 2014, financé par le FRR atteindra un niveau de 18% et le déficit budgétaire global sera de l'ordre de 3300 milliards de dinars. Eu égard au rythme de la consommation nationale qui augmente de 15% chaque année, le conférencier se demande si on pourra assurer la stabilité et l'approvisionnement du pays qui fait aussi face à la concurrence russe et celle du Qatar dans ce domaine. Sur un autre plan, l'ancien ministre des Finances a estimé que les recettes d'exportation projetées pour l'exercice 2014 sont de l'ordre de 57 milliards de dollars alors qu'elles ont atteint 67 milliards de dollars l'année précédente (2013).Une réduction de 10 milliards de dollars est qualifiée de très «inquiétante» par le conférencier. Cela est d'autant plus inquiétant que les importations augmentent d'année en année frôlant présentement la barre des 50 milliards de dollars. Si le taux de croissance prévu par la LF 2014 est de 4,5%, en revanche, l'ex-grand argentier du pays affirme que l'Algérie a les moyens de faire mieux en ramenant ce taux «aux alentours de 8%». Concernant le volet social, M.Harchaoui déplore que plus de 1,6 million d'Algériens émargeant au filet social vivent dans des conditions de précarité. L'utilisation à bon escient des ressources nationales commande à l'Etat de créer plutôt des vrais postes de travail, des emplois durables. Concernant les agrégats monétaires et financiers, il est noté que les réserves de change prévues à la clôture de l'année 2013, un montant du reste non disponible pour la distribution est évalué à 206 milliards de dollars. Si initialement, le recours au Fonds de régulation des recettes, FRR est prévu en cas d'effondrement des cours du baril, force est de constater qu'on puise déjà dans les comptes de ce fonds alors que les prix du pétrole ont dépassé les 107 dollars.