De tous les marchés des fruits et légumes de la capitale, le marché de Bachdjarah est certainement celui qui pratique les plus bas prix. Le spot publicitaire «Mammouth écrase les prix», irait bien au marché de Bachdjarah où les prix des fruits et légumes affichés en ce lieu mythique sont certainement les plus bas du marché. Lentement, mais sûrement, ce marché s'est forgé une réputation de «marché du pauvre», en raison des prix placardés, mais aussi de l'excellente qualité des produits exposés. Même lorsque le marché des fruits et légumes s'emballe, le marché de Bachdjarah garde son calme, en affichant des prix qui défient toute concurrence. A la longue, il a surclassé même les marchés des quartiers populaires de la capitale, dont on disait pourtant qu'ils étaient les plus bas du marché. Que ce soit les pommes de terre, mets préféré des Algériens, les carottes, les courgettes, les haricots verts, les poivrons, les oignons, les tomates ou la laitue, tous les prix qui sont affichés au niveau du marché de Bachdjarah sont nettement inférieurs à ceux pratiqués dans les autres marchés. La tomate la plus chère est exposée à 35 DA le kg, alors que la pomme de terre, on peut se la procurer à partir de 20 DA. Idem concernant les carottes que l'on peut acheter à 50 DA. Quant à la salade verte, son prix oscille entre 40 et 50 DA. Accourus de partout, les clients ont, en ce premier jour d'aouel Mouharem, transformé le marché en une gigantesque fourmilière. Certains pour s'approvisionner en fruits et légumes. D'autres, pour acheter de la viande et garnir leur table à l'occasion de cette fête religieuse. Par chance, le prix des viandes blanches a baissé sur le marché. En dépit de quelques anomalies relevées ici ou là, comme ce commerçant qui expose à la vente du poulet plein, alors que la réglementation l'interdit, les prix affichés sont abordables et ne dépassent pas, en moyenne, les 245 DA le kg. Ce qui nous laisse loin, en tout cas, des 490 DA qu'il avait atteints, il y a, tout juste quelques mois. Une baisse qui s'explique par la baisse de la demande, qui a poussé les vendeurs de volaille à baisser rideau durant deux bonnes semaines après l'Aïd pour éviter d'éventuelles pertes. Pourquoi ces fermetures? C'est vrai que la plupart des familles algériennes préfèrent consommer de la viande de mouton ou de boeuf pendant l'Aïd, mais beaucoup n'ont pas les moyens de s'offrir un mouton et se contentent de quelques kilos de viande de poulet pour fêter l'événement. Ils ne sont pas les seuls. Les vendeurs de poisson ont, eux aussi, déserté le marché, ne reprenant leur activité qu'une dizaine de jours plus tard, plongeant dans le désarroi les citoyens friands de poisson. Concernant précisément ce produit, on se demande ce qu'attendent vraiment les agents chargés du contrôle pour rappeler à l'ordre ou sanctionner tous ces vendeurs qui foulent au pied la réglementation en vigueur, en vendant du poisson ayant été exposé pendant de longues heures au soleil. Dès lors, il ne faut pas s'étonner si des centaines, voire des milliers de citoyens souffrent d'intoxication alimentaire et sont obligés parfois d'effectuer un séjour à l'hôpital pour se tirer d'affaire. Malheureusement, ce sont les enfants qui en sont souvent les victimes, selon certaines statistiques. Le problème de l'hygiène se pose avec acuité et concerne tous les produits sensibles, tels que les viandes, le lait vendu en sachet, le beurre, les fromages, les yaourts, etc. Selon l'Ugcaa, il n'y a pas suffisamment de chambres froides et celles existantes sont souvent en panne. Le ministère de l'Agriculture et du développement rural et celui du Commerce sont interpellés pour réguler le marché et protéger le pouvoir d'achat des citoyens, qui ne cesse de s'éroder. Le marché des fruits et légumes de Bachdjarah a donné, en tout cas, l'exemple, en affichant des prix très attractifs, qui sont à la portée des petites bourses.