Benflis, qui accuse nommément le président-candidat, interpelle les institutions, sans exclure l'armée, à un sursaut salvateur. Bien malin serait celui qui saurait dire si la conférence de presse animée hier par Benflis au siège national de son parti était la dernière ou pas. La notification de la décision de justice, invalidant le 8e congrès et gelant les activités de ce parti, peut lui être appliquée à tout moment, attendu qu'elle n'est pas suspensive. Cela explique d'une part le parterre impressionnant de journalistes venus couvrir la conférence de presse du secrétaire général du FLN, et d'autre part, la verve inégalée avec laquelle il s'est exprimé. Commentant sans coup férir cette décision de justice, Benflis, dans sa déclaration liminaire, martèle que «ce coup de force judiciaire et ce pronunciamiento juridique montrent une fois de plus que le président de la République, investi constitutionnellement de la mission de gardien du respect de la loi et du libre exercice des droits et libertés constitutionnels, est prêt à mettre en péril la stabilité du pays pour assouvir ses appétits de pouvoir». Le secrétaire général du FLN, fortement acclamé par des dizaines de militants et de militantes venus le soutenir, a vertement tancé le chef de l'Etat, en réponse à des questions, soulignant qu'«après avoir instrumentalisé l'administration puis l'argent public à des fins électoralistes», voilà qu'en «instrumentalisant certaines sphères judiciaires, (le président. Ndlr) s'arroge le droit de régenter la vie des partis politiques». Il relève en passant, que «l'arrêt rendu par la chambre administrative près la cour d'Alger se place en faux avec une décision de principe du Conseil d'Etat venu délimiter le champ de compétence du pouvoir judiciaire dans les litiges nés du fonctionnement interne des partis politiques». Benflis, qui qualifie Bouteflika d'homme du passé alors que son programme serait porteur des aspirations authentiques de la société, touche du doigt les graves dérives que cette décision risque d'induire et qui dépassent de loin le simple devenir d'un parti, aussi important soit-il. «Se taire devant de telles violences commises à l'encontre de l'Etat républicain, des institutions nationales et du peuple algérien ne peut qu'être assimilé à un encouragement, par une complicité passive, des desseins de celui qui veut annihiler définitivement les aspirations démocratiques» du peuple algérien.