Des centaines de familles de la localité d'Abalessa (80 km de Tamanrasset) ont répondu à l'appel de la musique targuie lors de la soirée inaugurale du 4e Festival international des arts de l'Ahaggar qui s'est tenu mercredi soir. Les troupes locales de Jakmi et Aferouag se sont partagé cette première scène musicale du festival avec le groupe de Blues nomade nigérien Etran Finatawa (les étoiles de la tradition), qui allie musique contemporaine et traditions locales, devant près de 3 000 spectateurs tout âge confondu. Ouvrant le bal, le groupe Jakmi a restitué sur scène l'ambiance, la musique et les danses de différentes fêtes traditionnelles de cette région de l'extrême sud du pays grâce à une troupe particulièrement nombreuse. Composé de chanteuses, de choeurs et de danseurs tous parés de la tenue traditionnelle targuie, le groupe se base sur de la poésie du patrimoine de l'Ahaggar chantée sur un fond de nappe vocale et d'applaudissements produits à l'unisson par une vingtaine de femmes, pendant que les danseurs présentent un tableau tiré de plusieurs danses festives. A cheval entre la tradition poétique et musicale de l'Ahaggar et du Tassili et les rythmes plus soutenus, de la Saoura, le jeune chanteur et luthiste d'Abalessa, Aferouag, et sa troupe ont été ovationnés par un public déjà familiarisé avec ce groupe. L'approche du jeune musicien consiste à insuffler des rythmes généralement joués dans le Sud-Ouest à des poèmes inspirés du patrimoine targui et du legs de celui qu'il considère comme «le père spirituel» de la musique targuie, le regretté Othmane Bali. Représentant à lui seul un brassage culturel musical et ethnique, le groupe Etran Finatawa englobe la musique targuie et woddabe (éleveurs nomades de l'ethnie Peul), lié par un rythme blues et un son de guitare et de basse propre au blues du Ténéré. Ce groupe se présente sur scène en tenue traditionnelle targuie et en tunique et chapeau prolongé d'une plume et peintures faciales pour les Woddabe pour présenter un répertoire écrit dans les deux langues maternelles de ces membres. Dans ce groupe, l'harmonie entre les cultures se traduit aussi dans la composition instrumentale qui fusionne le tindi (instrument de percussion targui) avec la calebasse ou les timbres de voix très distincts des deux chanteurs. Suite au partenariat avec le Festival national de musique diwan, la troupe de Gnawi Fusion, Nora Gnawa s'est aussi produite lors de cette soirée inaugurale. La 4e édition du Festival international, Tin Hinan- Abalessa (Fiaata) des arts de l'Ahaggar a été inauguré plus tôt dans la journée de mercredi dernier avec une parade, une nouveauté du festival, qui a, elle aussi rassemblé le folklore targui dans les grandes artères de Tamanrasset. En tenue traditionnelle des grandes occasions, les Méharis de l'Ahaggar ouvraient le chemin pour les enfants de la ville qui défilaient à côté des danseurs impressionnants de takouba, une danse guerrière locale exécutée, épée et bouclier à la main, et des femmes targuies parées de bijoux locaux. Inauguré mercredi dernier à Abalessa, le 4e Fiaata se poursuivra jusqu'au 13 novembre avec des spectacles prévus au site de Tidessi (Tamanrasset), Abalessa (80 km) et In Salah (700 km).