Adieu les amoureux! Les deux jeunes qui s'étaient donné la mort, mercredi dernier à Jijel, ont été accompagnés jeudi par une immense foule, à leur dernière demeure. Au-delà du choc provoqué par cette tragédie, un débat bruyant s'est installé partout en Algérie, à commencer sur les réseaux sociaux. Entre ceux qui expriment leur profond respect pour cet acte de ces deux amoureux qui ont décidé de mettre fin à leur vie ensemble, et ceux en moralisateurs qui dénoncent le recours au suicide. La mort de ce couple a suscité un débat, mais aussi des divisions. Des divisions très graves le jour de leur enterrement dans le cimetière, certains islamistes radicaux ont exercé une terrible pression sur l'imam qui devait présider à la rituelle prière, pour l'en dissuader, arborant le fait que «le suicide est un acte prohibé par l'Islam et que son auteur est voué à l'enfer». Et c'est reparti une nouvelle fois pour ces semeurs de troubles. Ces intégristes, encore actifs. Leur argument: «La prière sur une personne qui s'est donnée la mort est 'nulle et non avenue'' du point de vue de la charia.» Malgré tout, l'imam, a finalement conduit la prière devant une foule gigantesque. Elle s'appelait Romaïssa et n'aura jamais 20 ans. Son amoureux, en avait 22. Ils ont décidé de mettre fin à leurs jours, en sautant, main dans la main, dans... le vide. Ça s'est produit au centre-ville de Jijel, une ville connue pour son conservatisme séculaire. Ainsi, c'est la question des libertés qui se pose, une nouvelle fois de façon la plus choquante. Comment vivre son amour en Algérie. Le passage à l'acte est heureusement très rare, mais trop de jeunes Algériens souffrent de ne pouvoir vivre librement leur amour. Par le regard de la société, par les décisions des parents dont le choix s'oriente plus vers des partis plus fortunés, par le poids des traditions,... Que ces deux amoureux aient fait le choix tragique de mettre fin à leurs jours, ne doit pas laisser indifférent. Ainsi donc vit-on l'amour en Algérie? De l'amour à la mort sans avoir à vivre entre deux?. Une société perverse qui pousse à des liaisons sans sens, sans sentiments, basées sur de l'argent, sur des connaissances familiales, sur tout autres considérations que l'amour. Oui! Ceci existe encore en Algérie, on empêche les gens de s'aimer pour les pousser dans des mariages où il n'y a point d'amour.