Dans l'incapacité d'élire le nouveau président de la République en raison d'une crise allumée par l'armée gardienne des institutions, entre le gouvernement et les milieux pro laïcité, les députés turcs ont adopté en première lecture une réforme de la Constitution prévoyant l'élection du président au suffrage universel. La décision de l'assemblée dominée par l'AKP, parti islamiste qui jure de se transformer en parti islamo-démocrate à l'image de la démocratie chrétienne, doit cependant être approuvée par le président turc sortant, l'armée et le conseil constitutionnel. Outre l'élection du président au suffrage universel à deux tours pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois, au lieu d'un septennat unique actuellement, le paquet de réformes prévoit la tenue d'élections générales tous les quatre ans au lieu de cinq. À l'instar de nombreux juristes, la puissante association patronale Tüsiad s'est exprimée contre la réforme et la plupart des commentateurs s'attendent à voir le président Sezer, un partisan affiché de la laïcité, mettre son veto à la réforme des islamistes. La proposition des islamistes intervient après un second échec consécutif du Parlement à élire le nouveau président, conduisant l'unique candidat, le chef de la diplomatie Abdullah Gùl, à se retirer de la compétition. La perspective de voir un islamiste accéder à la magistrature suprême avait déclenché d'intenses protestations des milieux pro laïcité, dont l'armée qui avait menacé dans un communiqué d'intervention en cas d'atteinte au régime séculier, conduisant le gouvernement à demander la convocation d'élections législatives anticipées, fixées au 22 juillet par le Parlement. D. B.