Le rythme de travail est maintenu par le staff en dépit d'une campagne harassante. Hier, la permanence du candidat du FLN grouillait de monde, constituée principalement de journalistes de différentes nationalités. Ali Benflis a accordé plusieurs entretiens à des télévisions étrangères qui ont pris d'assaut la permanence du FLN avec armes et bagages. LBC, El Djazira, l'agence et la télévision AP (USA), l'agence ANSA (Italie), El Hora (USA), RTL, Le Monde, BBC, Reuter, la Voix de l'Amérique ainsi que plusieurs autres radios, agences de presse et télévisions ont afflué chez le candidat du FLN en vue de décrocher l'ultime entretien avant le grand rendez-vous de jeudi. «Nous avons formulé des demandes d'entretien aux deux principaux candidats, Benflis et Bouteflika, mais ce dernier ne nous a pas encore répondu», a indiqué une journaliste de la télévision AP basée en Grande-Bretagne. La journaliste espère par ailleurs, décrocher un autre entretien avec la candidate Louisa Hanoune. «Nous allons éventuellement interroger Mme Louisa Hanoune car sa candidature en tant que femme est une première dans le monde arabe et en Afrique». Parallèlement à cette animation des grands jours, l'inquiétude d'une fraude massive régnait dans les couloirs du QG de Benflis à Hydra. L'impression est vite dissipée dès que l'interrogation du journaliste porta sur les chances du candidat Benflis. «Si Ali sera le président de la République s'il n' y a pas une fraude massive», lance un militant du parti du FLN. Harassés par un rythme effréné d'une campagne électorale qui s'est achevée lundi, les membres du staff du candidat du FLN ont cependant maintenu la cadence de travail, à 24 heures du rendez-vous électoral. Dans les différents bureaux du QG, des informations parvenaient par bribes. «Bouteflika vient d'installer à Kharouba une khaïma à la Kadafi», entend-on par-ci, «Ils ont importé des stylos dont l'encre s'efface rapidement pour trafiquer les procès-verbaux», entend-on par-là. A peine sorti du fax, le communiqué des trois (Sadi, Djaballah et Benflis, Ndlr) rédigé en langue arabe est aussitôt distribué aux journalistes présents et les traducteurs s'y mettent. Le communiqué dénonce une fraude anticipée «menée par le cercle présidentiel» ( lire l'article de Arezki L.). «Le ministre de l'Intérieur aurait instruit les chefs de daïra et les walis pour préparer les procès-verbaux de dépouillement pour l'ensemble des bureaux de vote qui seront remis aux représentants des candidats le jour du scrutin», a indiqué M.Saïdani, membre du bureau de campagne de M.Benflis. Sans mâcher ses mots, il enchaîne: «Le pouvoir ne lésine pas sur les méthodes et met tous les moyens de l'Etat à son service pour se maintenir quitte à mettre l'Algérie à feu et à sang». L'idée de dérapages, évoquée depuis le début de la campagne électorale devient redondante à une journée de l'élection. Soutenue par plusieurs observateurs de la scène politique et par les candidats eux-mêmes, l'éventualité fait craindre le pire même si la peur n'a pas véritablement gagné les populations. L'ex-sénateur et militant des droits de l'homme, Mokrane Aït Larbi, a déclaré dans un entretien qu'il a accordé à L'Expression : «On n'est pas à l'abri de dérapages.» Louisa Hanoune a rappelé, dans chacun de ses meetings de campagne, que «des dérapages guettent le pays» et Ali Benflis a averti qu'en cas de fraude «le peuple prendra ses responsabilités». Le communiqué signé hier, par trois candidats parmi les six en lice, a relancé «la polémique» et leur appel de détresse fait réellement craindre le pire.