La Côte d'Ivoire, l'Argentine et l'Algérie ont marqué le deuxième soir du 5e Festival culturel international de danse contemporaine (Fcidc), prévu jusqu'au 22 novembre au Théâtre national algérien (TNA), avec un mélange de sensations suggérant, dans un réalisme abstrait, le rapport de l'individu à la vie, à la géométrie du temps et à la patrie. L'Esprit est l'intitulé du programme proposé par la Côte d'Ivoire à travers la compagnie Tchétché (Aigle), formée d'un trio de ballerines qui ont entretenu une chorégraphie très physique. La conscience, soumise au regard permanent de l'esprit ancestral qui recommande la sagesse de s'asseoir pour une meilleure acuité de la pensée face à l'adversité, est le thème que Tchétché a proposé alliant la synchronisation des mouvements du corps à l'élégance du geste. «S'asseoir, car la terre est meilleure conseillère», un vieil adage africain que Acho Weyer, directeur de la compagnie ivoirienne a bien voulu rappeler. Trois dans le temps est l'intitulé du deuxième spectacle présenté par la troupe argentine El Escote (le décolleté), composée de trois ballerines et un danseur qui a incarné le temps par une série de battements des pieds, rapides, successifs et réguliers, faisant sentir le défilement du temps dans sa plus petite représentation physique. Les ballerines ont suggéré dans la grâce du mouvement des figures évoquant le rapport au temps: le «tourner en rond» par des rotations désemparées, le «laisser aller» par des pas lents et indécis, «le pas décidé» exprimant l'évolution vers un but et quelques étirements dans différents sens mettant le corps en déséquilibre, pour exprimer les obstacles de la vie. «Notre rapport à la vie est soumis à une géométrie du temps qu'on ne peut contrôler dès lors que nos choix sont faits», a expliqué Roxana Grinstein, chorégraphe de la troupe argentine. Sept danseurs évoluant au nom de la coopérative Essalem de Sidi Bel Abbès dirigée par Djamel Djebbar ont ensuite proposé La boîte magique, une danse qui a retracé l'histoire glorieuse de l'Algérie révolutionnaire, du déclenchement de la lutte armée à l'indépendance. La boîte magique renfermant l'emblème national, signe du patriotisme des Algériens et leur détermination à en découdre avec l'occupant a été au centre d'une chorégraphie folklorique à travers laquelle des situations narratives ont été présentées au premier degré. La compagnie Nacéra Belaza a présenté en dernière partie de la soirée, le ballet Le cercle, un duo masculin créé en 2010 à Avignon (France) dans un programme époustouflant où les corps vibrants dans leur ensemble, sont dans un tourment perpétuel. Conduits par une chorégraphie minutieusement réglée, les danseurs ont donné l'impression d'exécuter dans une spontanéité absolue des mouvements incontrôlés, voire anarchiques avec une gestuelle qui partait dans tous les sens, faisant montre de leur professionnalisme et de la qualité de maîtrise supérieure de Nacéra Belaza qui a réussi à «mettre des repères dans le néant du désordre». «C'est la représentation d'une décharge de sensations provenant de différentes situations de vie subies et accumulées à travers le temps», explique Nacera Bélaza, avant d'ajouter, «la danse ne raconte pas d'histoire, elle suggère des émotions et réveille l'imaginaire». Le public du TNA a pu assister à un florilège de danses expressives, développées dans la grâce et la beauté, donnant libre cours au langage du corps dans la noblesse des figures esthétiques, construites sur des thématiques de réflexion, renvoyant à des concepts philosophies utiles à un meilleur rapport à la vie. Suite à une modification dans la programmation, le spectacle syrien Insan de la troupe Phoenicia Zenobia, prévu au deuxième soir de cette 5e édition, a été reporté au 20 novembre, a expliqué Mahmoud Benchabane, membre de la cellule de communication du festival. Le 5e Festival culturel international de danse contemporaine, placé sous le thème «Passerelles», se poursuit au TNA avec, à l'affiche, du troisième jour, outre l'Algérie, la Suède, l'Egypte et la Chine.