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Un sans-faute pour la compagnie Tchétché de Côte d'Ivoire
5e festival culturel international de danse contemporaine
Publié dans Horizons le 17 - 11 - 2013

Un presque sans-faute pour cette soirée de samedi dernier où étaient programmées aussi la troupe « El Escote » d'Argentine, la compagnie de Nacera Belaza et la coopérative Essalem de Sidi Bel Abbès. Il faut dire que les spectateurs n'ont pas tari d'éloges et de superlatifs pour encourager les danseuses et le musicien Bomou Bassa de la compagnie Tchétché de Côte d'Ivoire qui, avec une voix puissante et pleine d'émotions, ainsi qu'avec des textes écorces, racines, profonds et une musique adaptée à chaque tableau, a fini par donner une rythmique spéciale au spectacle. Créée par Béatrice Kombé, en 1997, la compagnie Tchétché représente la Côte d'Ivoire au niveau de la danse contemporaine africaine. La compagnie Tchétché, essentiellement composée de danseuses d'une vivacité sans pareille, a présenté un spectacle intitulé « Esprit ». Vivacité, détermination, finesse des gestes, harmonie et discipline sur scène autour d'une chorégraphie, tout cela, doublé d'un savoir-faire et d'une maîtrise de soi. La compagnie Tchetche a été créée à Abidjan, en Côte d'Ivoire, par Lebri Bridji et Béatrice Kombé Gnapa, deux jeunes danseurs ivoiriens qui partagent la même passion pour la danse. Depuis 2000, la société est dirigée par le danseur et la chorégraphe Béatrice Kombé Gnapa. Cette société, constituée exclusivement de femmes, a déjà laissé sa marque sur la scène locale avec des danseurs qui ont été formés dans le ballet traditionnel, avant de rejoindre la compagnie Tchétché. Dynamique et interdépendant, cet ensemble chorégraphique incarne la jeunesse avide de découvertes et de changements.
Rythmes et couleurs
La deuxième partie de cette soirée nous a transportés dans les ambiances raffinées de la danse argentine avec le remarquable passage de la troupe « El Escote ». Le rythme était nettement plus débridé avec des danses tantôt lentes tantôt rapides. Le public a vibré. L'ambiance joyeuse du spectacle, les relations conviviales entre danseurs et public, ont contribué, comme toujours, à faire de ces quelques heures un moment riche en émotions. La compagnie de danse « El Escote » a été créée en 1985 en Argentine. Après le grand succès de l'œuvre « El escote », en 1996, madame Roxana a changé le nom de la compagnie par « El escote Compagnie Danse ». Son groupe de danseurs se focalise sur la recherche du mouvement à partir de la proposition de l'œuvre, il n'y a pas une prédétermination d'une technique spécifique. De cette manière, le groupe arrive à un résultat singulier d'une qualité unique. La troisième partie marque le passage de la compagnie « Essalem » de Sidi Bel Abbès, créée il y a dix ans. Huit danseurs exaltent leur corps dans une pièce intitulée « Le rêve des bergers ». Dans ce spectacle, les danseurs rappellent, par leur art, les affres de la colonisation, l'amour de la patrie, la vie, dans une conception artistique actualisée. Des chorégraphies bien réglées ont permis aux danseurs de soutenir le spectacle par des mouvements qui ont illustré les moments importants de son évolution. Dans la dualité entre le bien et le mal, la cruauté et la barbarie de l'armée coloniale ont été dévoilées au public par le fait de leur abjection et leur infamie face à une population civile sans défense. Ces danses servent également à la mise en place de nouveaux décors, permettant au spectacle une forme actuelle avec des couleurs et des atmosphères qui ont rapproché l'histoire de l'assistance, présente, il faut le souligner, en grand nombre. En hommage aux danseurs pour leur jeu appréciable et pour les bons réglages et toute l'élégance qu'ils ont apportée au spectacle, le premier responsable de cette coopérative, Djamel Djebbar, a fait le choix d'encourager l'émergence de jeunes talents. L'utilisation des lumières, les bruitages et les ambiances musicales a été concluante, offrant au spectacle d'autres outils, aussi importants, à la transmission des émotions dans un sujet original, traité à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie. Cerise sur le gâteau, la remarquable prestation de la compagnie de Nacera Belaza
Deux jeunes garçons interprètent un spectacle nommé « Le cercle », écrit par Nacera Belaza. La pièce commence par un choc sonore. Des percussions polyrythmiques éclatent à fort volume. Une lumière franche découpe un carré lumineux, au centre, à l'apparence surnaturelle. Soudain, sortis de nulle part, surgissent deux hommes dont les bras, jambes et bustes se balancent dans toutes les directions, comme devenus sauvages, de manière désorientée. Cela semble demander peu d'efforts à ces corps élastiques faits d'articulations étonnamment souples. Les mouvements oscillent entre chaos et contrôle. Progressivement, les danseurs calment leurs gestes, jusqu'à s'unir et saccader un simple tressautement. Seule la tête vibrionne encore dans toutes les directions. Puis le mouvement repart de plus belle pour atteindre un véritable saut en puissance. La matière lumineuse évolue continuellement. Elle se déforme peu à peu de manière imperceptible et le puits de lumière transforme le carré en un cercle. Disparaissant par un saut dans l'obscurité, la pièce s'arrête brusquement de manière aussi inattendue qu'elle a commencé. Les pièces de Nacera Belaza cherchent à toucher l'âme. L'esprit de sa danse est d'emblée tourné vers la rencontre. A l'écart des modes et des formes spectaculaires, Nacera Belaza a développé, avec sa sœur et d'autres complices de création, un chemin bien à elle. Donner au mouvement une puissance émotionnelle égale à celle de la musique est l'une des clés de ce mystère scellé à même les corps. Dans ce nouveau projet, la chorégraphe poursuit sa recherche. Elle réinterroge son propre geste en le confrontant à celui d'artistes-interprètes issus d'une autre conception du mouvement. Dialoguer, éprouver ce qui nous réunit, donner à ressentir une danse au plus proche du public, tel est le pari de cette rencontre et de l'urgence de sa création. Une expérience sensible, profonde et sans fard. Il convient de savoir que la compagnie Nacera Belaza a organisé un festival de danse contemporaine pour la première fois en Algérie et à travers plusieurs villes du 2 au 10 octobre 2013 notamment Constantine, Annaba, Oran et Tlemcen, avec le soutien de l'Institut français en Algérie et le Conseil culturel de l'Union pour la Méditerranée. Cet événement intitulé « Temps dansé » a été accompagné par des ateliers avec de jeunes danseurs et photographes et par des rencontres avec le public. En projets, Nacera Belaza et sa sœur Dalila ambitionnent de mener deux mégaprojets artistiques pour la biennale Lyon, prévus en juin.


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