Sevrés de joie, les Algériens ont vécu de longues années la boule au ventre. Pendant 20 ans, le pays collectionnait les malheurs des hommes et de la nature. L'Algérie ne rimait qu'avec attentats, terrorisme, échecs, malheur et catastrophes naturelles. Il fallait que cette noria de malheurs cesse. La magie du football a su rendre le sourire aux Algériens. «Nous avons besoin de ces moments de joie» résume une jeune femme accostée par une caméra de télévision à Alger alors qu'elle fêtait la victoire de l'Equipe nationale. Le pays est gagné par une ferveur exceptionnelle. Portée au firmament par son Equipe nationale qui vient de se qualifier au Mondial du Brésil, l'Algérie nage dans l'euphorie. L'ambiance électrique et extraordinaire a embrasé toute la nuit glaciale de mardi. Au son des youyous, des chants, des cris, des klaxons et au milieu des fumigènes, des feux d'artifice et des pétards, les Algériens sont sortis dans les rues, les quartiers, les villes et les villages aux cris de «One, two, three, viva l'Algérie!». Quelle belle soirée, quels beaux moments de liesse. La joie de la victoire brise toutes les barrières. Elle rappelle que les Algériens ne sont pas agressifs, qu'ils s'acceptent entre eux, qu'ils n'ont pas perdu le sens de la joie, d'être heureux. Enivrée, transportée par l'allégresse, l'Algérie vit une noce collective avec son peuple avide de ces moments de réjouissance. Les Verts ont recréé le sourire sur des visages ternis par le désespoir. Telle est la magie de cette nouvelle idéologie qui séduit la planète entière et qui s'appelle le «footbalisme».