Personne n'a pu prévoir l'étendue de la déroute des adversaires de Bouteflika, élu à une majorité écrasante, dans le scrutin de jeudi dernier. Crédité d'un taux de 83,49% des suffrages exprimés le nouveau président de la République a «écrasé» les autres candidats qui ne s'attendaient certainement pas à être dépassés de la sorte. La surprise vient de la déroute de Louisa Hanoune qui, contrairement à ses habitudes, n'est pas arrivée à convaincre les électeurs de voter pour elle. Créditée du peu reluisant taux de 1,16%, la présidente du PT, qui a remporté presque 120 000 voix sur l'ensemble des voix exprimées, n'est pas prête d'oublier une telle débandade, dont l'ampleur pourrait se répercuter négativement sur son parti. Mais quelles sont les raisons qui ont fait que Louisa Hanoune, dont le parti avait réalisé un bon score (22 députés) aux dernières législatives, réalise un aussi piètre résultat alors qu'elle s'attendait à largement mieux? Connue pour son tranchant discours et sa manière offensive qui charmaient et attiraient les citoyens, Hanoune a complètement changé de cap dans la campagne électorale en utilisant plutôt un ton modéré auquel ses sympathisants ne sont pas habitués. Alors que tous les regards étaient braqués sur les autres candidats, notamment Bouteflika et Benflis, Hanoune s'est confinée, quant à elle, dans son discours classique sans vraiment proposer des alternatives ni des solutions à la crise algérienne. Deux thèmes majeurs de son programme ont fini, peut-être par lasser le citoyen avide de changement et se disant certainement que l'ère de l'idéologie est révolue. Dans ses 42 meetings, la présidente du PT a ressassé sans cesse sa position, connue depuis de longues années, sur la privatisation en proposant de relancer le secteur public alors que le moment est à la mondialisation. Un discours loin, à notre avis, d'être réaliste et qui ne pourra se traduire sur le terrain, car les travailleurs licenciés du secteur public savent que ce secteur est bel et bien mort. Le marketing politique, arme de toute campagne électorale en Occident est pratiquement inexistant chez nous où les directeurs de campagne, sont à l'heure actuelle, loin d'être spécialistes en la matière. C'est peut-être la seule raison qui a coûté cher aux adversaires de Bouteflika, dont le don de tribun et de redoutable orateur a fait la différence.