«Je continuerai à mener le combat pour la démocratie avec force et engagement, convaincu que l'idéal démocratique ne peut que triompher par la volonté et la force du peuple.» Ce sont là les derniers propos de l'ancien candidat à la présidentielle, Ali Benflis lors de sa déclaration faite à la presse nationale et internationale au soir de sa défaite électorale. Une affirmation pleine de sens et de résolution pour quelqu'un qui vient de subir une cuisante défaite et qui ne veut pas s'avouer vaincu pour autant. Le plus sérieux concurrent de Bouteflika qui pouvait un tant soit peu faire vaciller le fauteuil présidentiel ne compte pas s'arrêter en si bon chemin, lui qui a engrangé un potentiel de sympathie à travers tout le territoire national. Les meetings qu'il a animés durant les jours de la campagne électorale ont drainé une foule impressionnante et dans certaines wilayas, il y a eu un engouement certain pour son programme résumé en 100 propositions. Ali Benflis a peut-être découvert, tout au long de cette campagne, les vertus de l'homme politique et les multiples contraintes que subit celui qui s'engage résolument dans l'opposition. Aujourd'hui, il s'agira pour Benflis de capitaliser cette expérience en ne comptant que sur ses propres forces politiques et sur le soutien renouvelé de ses fidèles compagnons. Le parti du FLN qu'il a apprivoisé pour un bon moment risque de lui filer entre les doigts au profit du mouvement des redresseurs qui comptent le récupérer le plus tôt possible. Des retournements de situation ainsi que des reniements de ses plus proches compagnons, qui assuraient jusqu'à aujourd'hui l'essentiel de son courant au sein du plus vieux parti, ne sont pas de l'ordre de l'impossible si tant est que ce parti a toujours fonctionné comme une machine politique au profit du vainqueur du moment. Que restera-t-il alors à Benflis afin de continuer son combat pour la démocratie? Son avenir est-il pour autant compromis comme le laissent entendre certains de ses détracteurs? Ses alliés d'hier, à l'image de Saïd Sadi et Abdallah Djaballah, peuvent eux compter sur leurs partis respectifs. Le groupe des «dix» qui réunit des personnalités politiques et de la société civile sera-t-il le «cadre idéal» à Benflis pour achever sa quête démocratique annoncée au lendemain de sa défaite ? Trop de questions qui restent pour le moment sans réponses et qui, au demeurant, suscitent les interrogations les plus folles. Durant toute sa campagne électorale, Ali Benflis a pratiquement centré ses attaques contre le président élu et a même usé d'un ton sarcastique frôlant parfois la dérision. Bien que dans son intervention, au lendemain de sa victoire, le président Abdelaziz Bouteflika ait laissé entendre qu'il s'emploierait à «calmer les ardeurs, oublier les blessures et introduire un esprit de tolérance et de compréhension mutuelle» éliminant ainsi tout risque d'un règlement de comptes, il n'en demeure pas moins que les craintes de représailles ne sont pas à écarter. Lors de cette sortie médiatique relayée par la presse nationale et les chaînes internationales, Ali Benflis a bien rejeté ces élections qu'il a qualifiées de «nulles et de non légitimes» poursuivant ainsi sa logique de confrontation avec le président élu. La fragilité politique que risque de connaître dans les jours à venir Ali Benflis lui coûtera probablement sa mise à l'écart définitive de la scène politique pour au moins les cinq années à venir. Le chiffre dérisoire de 7,93 % qu'il a engrangé lors de cette élection ne plaide pas en sa faveur. Il serait étonnant de voir Benflis s'accrocher à cette bouée de sauvetage. Quelle serait alors la piste la plus indiquée pour l'ex-dauphin de Bouteflika s'il persiste à vouloir continuer la lutte pour l'idéal démocratique. Probablement que les farouches partisans de Benflis iront vers la création d'un autre parti en l'occurrence le Mouvement national des citoyens libres qu'il a déjà structuré et qui est aujourd'hui bien présent dans une trentaine de wilayas. L'échéance présidentielle de 2009 devient l'objectif essentiel pour Benflis qui redoute avant tout autre chose la dissolution anticipée de l'APN où il est encore majoritaire et une tribune politique par excellence pour son courant politique. Les restes du parti FLN, tant convoité avant l'élection présidentielle seront peut-être classés dans les archives de l'histoire et son sigle accroché dans les musées du pays.