Ali Benflis qualifie la décision de la cour d'Alger de “scandaleuse”. Il ajoute : “J'accuse Bouteflika de mettre en péril la stabilité du pays”. Quelques heures après la décision de justice prononcée par la cour d'Alger, hier, invalidant le VIIIe congrès du FLN, gelant ses activités et ses avoirs, le secrétaire général du parti, Ali Benflis, a organisé une conférence de presse. Cette décision, dira-t-il, dans une déclaration liminaire qu'il a lue devant un parterre de journalistes de la presse nationale et internationale, “répond intégralement aux demandes d'une action introduite par un mouvement de dissidence fomenté, manipulé et dirigé par le président de la République en personne”. Elle est “scandaleuse dans sa portée juridique et ses répercussions sur la vie politique dans notre pays”, s'indignera Ali Benflis qui ajoutera que Bouteflika, “en instrumentalisant certaines sphères judiciaires s'arroge le droit de régenter la vie des partis politiques et ce, en contradiction avec un arrêt de principe du Conseil d'Etat qui limite le champ de compétence du pouvoir judiciaire dans les litiges nés du fonctionnement interne des partis”. Cette décision de la cour d'Alger qui intervient, selon lui, dans un contexte caractérisé par de fortes pressions sur la justice par le clan présidentiel, est, en réalité, une sentence prononcée contre le pluralisme politique et la démocratie dans notre pays”. Le secrétaire général du FLN, qui estime que cette situation interpelle la société algérienne dans toutes ses composantes, affirme que “ce coup de force judiciaire montre une fois de plus que le président de la République, investi constitutionnellement de la mission de gardien du respect de la loi, est prêt à mettre en péril la stabilité du pays pour assouvir ses appétits de pouvoir”. Déterminé à aller jusqu'au bout de son projet, Ali Benflis qui martèle : “J'irai à la prochaine élection présidentielle”, soulignera aussi que “se taire devant une telle violence commise à l'encontre de l'Etat républicain, des institutions nationales et du peuple algérien ne peut qu'être assimilé à un encouragement par une complicité passive des desseins de celui qui veut annihiler définitivement les aspirations démocratiques que le peuple cultive et entretient au prix d'incommensurables sacrifices”. Les militants du FLN, affirmera l'ancien chef du gouvernement, “ne peuvent plus accepter d'être mis définitivement devant le fait accompli et assister, impassibles, à la mise à mort de nos acquis démocratiques et voir ainsi l'Algérie livrée en victime expiatoire aux ambitions débridées du président-candidat”. “Se taire est une trahison” “L'heure est grave et le silence dans ces circonstances particulières de la vie de la nation ne peut être que synonyme de compromission, voire de trahison”, lancera Ali Benflis qui adresse “un appel solennel à l'ensemble des forces patriotiques en vue d'un sursaut salvateur seul à même de mettre en échec le complot ourdi contre notre pays”. Le secrétaire général du FLN souligne, par ailleurs, que “pour ce qui est de la prochaine échéance électorale, seul véritable enjeu de ces basses manœuvres, j'irai à cette élection fort du soutien de mes concitoyens déterminés à tourner la page de l'exercice monopolistique du pouvoir”. Concernant la réaction de son parti à cette décision de justice, Ali Benflis indiquera que “les militants sauront comment répondre à cette injustice et les jours à venir vous en édifieront”. “J'accuse le président-candidat” insistera encore l'ancien chef du gouvernement qui affirme que tous les citoyens, toutes les institutions du pays, y compris l'institution militaire, précisera-t-il à un journaliste, sont interpellés. Bouteflika, ajoutera Benflis “veut être tout à la fois : le chef de l'Exécutif, de la Justice et celui qui intervient dans l'activité quotidienne des partis politiques”. “C'est cela la démocratie de Bouteflika”, lâchera le conférencier. En soulignant que tous les moyens légaux seront utilisés pour défendre le parti, le secrétaire général du FLN considère la décision de justice prononcée par la cour d'Alger que c'est “une honte sur le front du président de la République, c'est un scandale jamais connu dans les annales de la justice algérienne”. Ali Benflis ne mâche pas ses mots dans sa critique à l'égard de la politique du chef de l'Etat qu'il accuse d'avoir voyagé pendant quatre années et demie et d'avoir trahi les promesses qu'il avait faites aux algériens, l'indépendance de la justice entre autres. “Les chancelleries étrangères nous observent”. Bouteflika, a-t-il déclaré, a instrumentalisé la justice, utilisé l'argent public pour faire pression sur les militants, 50 milliards ont été dépensés dans ses voyages à travers le territoire national. À une question sur les avoirs du FLN, Ali Benflis répondra qu'ils sont “bien protégés dans les comptes du parti”. “Je suis de ceux qui préservent les biens du peuple, contrairement à ceux qui les ont détournés dans les années 1980”. À un confrère qui a évoqué un éventuel empêchement de sa candidature à la prochaine élection présidentielle, Benflis répliquera : pensez-vous que le peuple algérien n'a pas vu ce qui s'est passé en Géorgie et à Madagascar dont les peuples se sont révoltés contre le détournement de leur volonté. S. R.