Le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, a justifié le taux d'abstention à l'élection présidentielle par le grand nombre de personnes déplacées à cause du terrorisme et des catastrophes naturelles, la suppression des bureaux spéciaux et enfin la réduction du nombre des bureaux itinérants qui ne représentent désormais qu'environ 1 % du corps électoral. Ces justifications ne constituent pas à elles seules les raisons de cette abstention si l'on sait que bon nombre d'électeurs affichent depuis des années leur refus de se présenter aux urnes le jour des élections à cause de l'incapacité des politiques de venir à bout de la crise qui frappe le pays depuis de longues années. Il faut dire que Bouteflika est le troisième président élu au suffrage universel, mais cette crise s'est inscrite dans le temps jetant le scepticisme sur les citoyens et sur leur volonté de participer aux consultations populaires qui à leurs yeux se succèdent mais leur quotidien s'assombrit d'année en année. Le taux d'abstention de l'ordre de 41,99% s'expliquerait, selon les observateurs, par non seulement le boycott de la Kabylie mais aussi par l'indécision des citoyens lassés d'être abreuvés de promesses jamais tenues par nos politiques. Même si dans tous leurs meetings, les candidats avaient appelé les citoyens à voter massivement, certaines régions, à l'image de la Kabylie, n'ont pas répondu à cet appel. Les électeurs de ces régions ont refusé de cautionner le système auquel la majorité des Algériens a renouvelé sa confiance. La Kabylie a suivi le mot d'ordre du FFS et des Archs partisans de rejet des élections. Tizi-Ouzou et Béjaïa ont respectivement enregistré des taux de participation de 18,38% et 16,10% donnant ainsi un aperçu de cette région du pays qui, depuis trois années, s'est confinée dans son refus catégorique de participer à tous les scrutins tant que le pouvoir persiste à ne pas officialiser la langue amazighe. Paradoxalement, ceux qui ont bravé le boycott dans ces deux wilayas ont porté leur choix sur Bouteflika. D'un autre côté, si dans toutes les autres wilayas, le taux d'abstention n'a pas atteint 50%, il faut relever qu'à Bouira et Batna ce pourcentage était respectivement de 52,44% et 51,10%. Si à Bouira cet important taux d'abstention s'explique toujours par le boycott, à Batna, en revanche, on ne s'explique pas pourquoi les électeurs n'ont pas voté massivement dans une circonscription électorale réputée pour être le fief du FLN et de surcroît région natale de Benflis. A Alger, le taux de participation de 43,59% reflète parfaitement le comportement électoral des Algérois. Les pourcentages de participation enregistrés ces dernières années dans la capitale sont sensiblement égaux et souvent n'atteignent presque pas les 50%. Par contre, la communauté algérienne vivant à l'étranger s'est montrée un peu réticente, contrairement à ses habitudes. Seuls 33,34% de votants ont accompli leur devoir de citoyenneté. Est-ce par dépit ou tout simplement parce que ceux-ci sont influencés par la façon dont se déroulent les scrutins en Occident? Il faut dire que les chaînes de télévision étrangères y sont pour quelque chose dans la prise de décision des émigrés de participer ou non à l'élection présidentielle. Enfin, le plus faible taux d'abstention est enregistré à El Bayadh où seulement 25,86% du nombre total d'électeurs qui s'élève à 105.307, se sont abstenus à porter leur choix sur tel ou tel candidat.