Certaines sources bien informées laissent entendre que le président français profitera de sa visite pour annoncer des investissements importants en Algérie. L'Elysée a annoncé hier, que le président français, Jacques Chirac se rendra ce jeudi à Alger pour un déjeuner de travail avec son homologue algérien. Jamais en quarante ans d'indépendance, un président français n'est venu autant de fois à Alger en un laps de temps aussi court, comme vient de le réaliser Jacques Chirac. En effet, c'est la troisième visite qu'entreprend le président français à Alger en moins de trois ans. Quant à l'objet du séjour de Chirac, les observateurs les plus avertis avancent que la réélection de Bouteflika à la magistrature suprême ne peut constituer à elle seule le motif de ce déplacement quelque peu inattendu. En fait, le voyage du chef de l'Etat français qui intervient plus d'une année après sa dernière visite en Algérie, répond d'abord à la visite qu'a effectuée, M. Abdelaziz Bouteflika à Paris lors de la clôture de l'Année de l'Algérie en France. Cependant, il est certain que lors de ce déjeuner de travail, la coopération économique entre les deux pays sera au menu des discussions. Chirac semble en effet décidé à booster la coopération algéro-française dans la perspective de demeurer le premier partenaire de l'Algérie dans ce domaine. D'ailleurs, Bouteflika avait bien pris soin de rassurer Paris, en adressant, fin octobre dernier, une lettre à son homologue français, dans laquelle il avait mis en exergue les axes de convergence entre les deux capitales. Aussi bien sur le plan bilatéral que sur les questions d'ordre international. «Les rapports entre les deux pays n'ont cessé d'évoluer positivement depuis que le président Chirac est à la tête de l'Etat français», avait écrit M.Bouteflika. Cependant, le scepticisme français l'avait emporté quelque peu sur la réalité du terrain au point où le ministre des Affaires étrangères de l'Hexagone avait lancé une mise en garde à ses ressortissants auxquels il avait déconseillé de se rendre en Algérie «sauf pour des raisons professionnelles impératives». Ce voyage sera-t-il la confirmation de la «réfondation des relations» entre les deux parties, souhaitée par Alger et approuvée par Paris? Certes, depuis l'arrivée au pouvoir en Algérie en 1999 du président Bouteflika, les rapports entre les deux capitales ont fondamentalement évolué dans le sens d'une sérénité que d'aucuns auront largement constatée. D'ailleurs dès son retour à Paris au lendemain de sa visite historique, effectuée au mois de mars 2003, Jacques Chirac avait réuni une quinzaine de ministres pour assurer le suivi de la coopération entre la France et l'Algérie, comme il s'y était engagé à Alger et Oran. Chirac avait exhorté l'ensemble de ses ministres à préparer des dossiers exhaustifs sur l'état des relations entre l'Algérie et la France dans tous les domaines avant de présenter des perspectives devant aller crescendo afin de resserrer plus que jamais les liens entre les deux pays. Ce sont justement ces perspectives de coopération qui seront au menu des discussions de ce jeudi. A ce sujet, certaines sources bien informées laissent entendre que le président français profitera de sa visite pour annoncer des investissements importants en Algérie. Selon ces mêmes sources il s'agira, pour les deux pays, notamment la France, de récupérer un manque à gagner en matière d'investissements en Algérie, et ce, en dépit de la position qu'occupe l'Algérie en tant que premier fournisseur et premier client de la France qui demeure très loin par rapport aux Américains pour les investissements réels. En effet, la valeur des échanges commerciaux, entre les deux pays, qui représentaient moins de 4 milliards d'euros en 1999 ont atteint 6,4 milliards d'euros en 2001. Cette évolution s'accompagne d'un net rééquilibre entre les deux pays. Si les exportations françaises vers l'Algérie ont atteint 3,75 milliards d'euros en 2002, les exportations vers la France qui se résument, aux hydrocarbures (gaz et pétrole) atteignant les 96%, ont plus que doublé entre 1999. En outre, il sera question d'investissements dans le domaine de la gestion des ressources hydriques ainsi que dans le domaine de l'électricité et des hydrocarbures. Ayant pris conscience de cela, les autorités des deux pays estiment, selon les experts, que contrairement aux relations commerciales, les relations économiques en matière d'investissements lourds vont très mal. La volonté politique va peut-être permettre une nouvelle percée française en Algérie.