Jacques Chirac a répondu de manière subtile à la pétition de protestation contre l'invitation de Abdelaziz Bouteflika aux cérémonies de célébration du 60e anniversaire du débarquement en Provence, signée mardi dernier par une quarantaine de députés UMP. Durant la journée d'hier, le Président français a convoqué Jean-Pierre Raffarin et une quinzaine de ministres à une réunion au palais de l'Elysée. Ordre du jour de celle-ci : le renforcement de la coopération entre la France et l'Algérie. Pendant près d'une heure et demie, Jacques Chirac s'est investi en compagnie de ses ministres à « définir un programme de travail et d'échange (...) pour le développement d'un partenariat d'exception avec l'Algérie ». Deuxième du genre après celle de juillet 2003, cette réunion, à laquelle ont pris part Nicolas Sarkozy (Economie), Michel Barnier (Affaires étrangères), Michelle Alliot-Marie (Défense) et Dominique de Villepin (Intérieur), fait suite, rappelle-t-on, à l'engagement du président Chirac, lors de sa visite d'Etat en Algérie en mars 2003, d'assurer en personne le suivi des projets de coopération. A l'occasion, l'Elysée a soutenu que le traité d'amitié placé en ligne de mire par l'Algérie et la France pourrait être conclu cet automne. Au chapitre économique, il est annoncé la poursuite entre Paris et Alger de leurs négociations sur un nouvel accord économique et financier. De nature à satisfaire les autorités algériennes, actuellement en attente des IDE français, « la reprise de ces négociations » devrait s'effectuer, indiquent certaines sources, à l'occasion de la visite à Alger, le 27 juillet prochain, du ministre français de l'Economie et des Finances, Nicolas Sarkozy. Dialogue politique Au titre du dialogue politique entre la France et l'Algérie, les services du président français ont mentionné que celui-ci « se poursuivra, avec un flux régulier de visites ministérielles dans les deux sens ». Ce dialogue politique sera d'ailleurs, marqué par une visite, à l'automne prochain, du ministre français de l'Intérieur. Avant la fin de l'année, ce sont, ajoute-t-on, huit ministres français qui se rendront en Algérie et six de leurs homologues algériens qui iront en France. Réaffirmant sa volonté de « dépasser les discours basés sur les bonnes intentions pour passer au concret », Paris a annoncé, en outre, sa décision de rouvrir en 2005 les centres culturels français de Constantine et Tlemcen. L'école algérienne supérieure des affaires, dont la création a été évoquée lors de la visite de Michel Barnier, entrera, quant à elle, en activité en novembre prochain. Il en est de même pour la réhabilitation des sépultures civiles françaises qui, selon l'Elysée, « se poursuivra en partenariat avec les collectivités locales françaises et les autorités algériennes ». Autre résolution prise lors de cette réunion « spécial Algérie » : la France continuera, en outre, à rapatrier en Algérie les services de traitement des visas. A l'heure actuelle, 50% des demandes de visa peuvent d'ores et déjà être traitées par le consulat général de France à Alger. A souligner que l'Algérie et la France ont décidé d'inclure, dans leur partenariat d'exception, une coopération dans les domaines de la défense et de la sécurité. Celle-ci sera définie à travers deux accords, actuellement à l'étude, que les deux pays ont prévu de signer durant les prochains mois. L'annonce concernant le lancement de la coopération en matière de défense a été faite lors de la première visite à Alger, vendredi dernier, de la ministre française de la Défense. Il est à rappeler que la quarantaine de députés de l'UMP ayant protesté contre l'invitation du président algérien à la célébration du 60e anniversaire du débarquement en Provence ont motivé leur action en mettant en avant le fait que sa présence constituerait « une insulte à la mémoire de ceux (entendre les harkis) qui sont tombés pour libérer la France et qu'il a toujours ignorés, voire bafoués ».