Ahmed Kerroumi est retrouvé mort à l'intérieur du siège du MDS La famille et les amis du défunt demandent justice et vérité tandis que le père de l'accusé ne cesse de crier l'innocence de son fils. Plus de 520 personnes ont apposé leurs signatures dans la pétition lancée à l'effet de demander la vérité sur l'assassinat du professeur Ahmed Kerroumi. Les initiateurs de l'action ne sont autres que les amis du défunt qui se sont constitués en groupe, qu'ils ont baptisé du nom de «Le Comité Vérité et Justice sur l'affaire Kerroumi». La pétition a été, selon le communiqué, transmise à L'Expression, expédiée au ministère de la Justice, la présidence de la République, le Conseil d'Etat, la Cour suprême, le Conseil supérieur de la magistrature, le Syndicat national des magistrats, le Conseil de l'ordre des avocats, les trois Ligues des droits de l'homme (Laddh et Ladh), la Commission nationale consultative de promotion et de protection des Droits de l'homme (Cncppdh) et les médias nationaux. Cette action est menée quelques jours avant l'ouverture du procès du présumé meurtrier de Kerroumi Ahmed. L'affaire passe aujourd'hui devant le tribunal criminel d'Oran. Plus d'une quarantaine de personnes seront auditionnées en tant que témoins dont plusieurs sont constitués d'amis et proches du défunt, ainsi qu'un journaliste arabophone. Disparu le 19 avril 2011 à Oran, Ahmed Kerroumi est retrouvé le 23 du même mois mort à l'intérieur du siège du Mouvement démocratique et social (MDS), situé dans le quartier Adda-Benaouda, ex-Plateau Michel. Intellectuel, philosophe, militant du MDS et membre actif de la Cncd d'Oran, tous ceux qui le connaissaient pensent que sa mort est à élucider. Les avocats, notamment ceux de la défense, qualifient le dossier de «bâclé et le procès prochain, programmé pour le 09 décembre 2013 de mascarade». Cela survient au moment où la famille et les amis du défunt demandent justice et vérité tandis que le père de l'accusé ne cesse de crier l'innocence de son fils. L'assassinat d'Ahmed Kerroumi est intervenu dans un contexte particulier marqué par l'avènement des révolutions arabes, en 2011. A cette date, la Coordination pour le changement et la démocratie, la Cncd, était fortement active à Oran. Le professeur Kerroumi participait résolument aux marches organisées chaque samedi. Par ailleurs, il avait rencontré le Rapporteur spécial de l'ONU, chargé de la promotion et de la protection du droit à la liberté, l'opinion et l'expression, Frank la Rue. Près de trois ans après sa mort, aucun de l'entourage du défunt n'arrive à «avaler» la thèse officielle. Sa famille, ses proches, ses amis aussi bien du milieu universitaire que du MDS affirment que «la thèse du jeune assassin présumé ne tient pas la route». La partie civile, par le biais de ses avocats, laisse planer le doute en énumérant «certaines anomalies dans le dossier, notamment par rapport à la scène du crime et son déroulement». «L'instruction a été bâclée, nous demandons que toutes les conditions nécessaires soient réunies afin d'assurer un procès équitable», a indiqué récemment maître Khemisti, avocat mandaté par la famille du défunt. Le père du présumé assassin, Belhadri, conclut que son fils, Mohamed Abdelkader Belbouri, 30 ans, livreur de boissons énergisantes, est «innocent et j'insiste là-dessus, il a été victime d'un accident de la route le lendemain de la découverte du corps du défunt, la vidéo qui prouve son passage au niveau du dispensaire a été effacée après avoir été récupérée par les services de police». Il a ajouté en déclarant que «le rapport de la police explique que l'accusé a simulé l'accident, alors que le jeune se trouvait sur sa motocyclette dans la partie Est d'Oran, le cadavre du défunt Kerroumi a été retrouvé dans la bande Ouest d'Oran». «Ce sont-là les anomalies qui nécessitent d'être tirées au clair», ont indiqué plusieurs amis du défunt ajoutant tout en s'interrogeant: «Si l'accusé est réellement l'assassin du professeur Kerroumi, pourquoi on n'arrive toujours pas à retrouver la voiture du défunt ainsi que son cartable?.» L'affaire du professeur Kerroumi Ahmed sera donc ouverte une deuxième fois, après avoir été programmée et reportée le 30 septembre dernier par le tribunal criminel d'Oran. Le report a été décidé suite au retrait de la défense après un débat bref et houleux qui a opposé les deux parties concernées, les avocats de la défense et le président du tribunal. A cette date, aucune des deux parties devant passer au peigne fin l'affaire, n'a pu ni influencer ni convaincre l'autre. Le président du tribunal criminel et les avocats de la défense ont été intransigeants dans leurs positions. La défense a, dès l'ouverture du procès, demandé la convocation des médecins légistes. «Leurs déclarations seraient importantes», a souligné l'avocat de la défense, Me Fahim. Le président de chambre a, sur le champ, été catégorique en rejetant la demande. «Je ne convoquerais pas les experts dont vous demandez la présence, le dossier est prêt aux débats d'autant que la Cour suprême a tranché», a-t-il répété à deux reprises. «Le plus important est ce qui va se passer ici dans le procès», a répliqué Me Fahim de la défense. La défense voulait baser l'affaire à partir de nouveaux éléments à soustraire lors du procès.