Le candidat du RCD n'a pas eu la main heureuse en Kabylie. Après le scrutin de la présidentielle du 8 avril, la Kabylie a montré une autre de ses facettes que personne ne semblait appréhender. Dans le monde médiatique ainsi et contrairement aux attentes, le candidat Saïd Sadi n'a eu que la troisième place à Bouira et à Béjaïa, où Saïd Sadi a compté seulement 25,03% des voix, après Bouteflika qui lui, a obtenu 30,23% des suffrages, alors qu'à Bouira, le candidat du RCD n'a arraché que la troisième place avec 05,69% des voix. Certes, à Tizi Ouzou, Sadi s'était classé en tête. Ailleurs, dans les autres wilayas, le candidat Sadi s'était placé à plusieurs reprises à la quatrième ou à la cinquième position. Et dans les wilayas de Mila, Aïn-Témouchent et Tlemcen, il avait fermé la marche. Le candidats du RCD n'a pas eu la main heureuse en Kabylie. Il faut croire que les électeurs n'ont pas compris la participation du RCD lors de la présidentielle, alors qu'il était tout feu, tout flamme contre les élections locales. Par ailleurs, à la base de cette désaffection populaire, il y a également lieu de souligner que Sadi avait fait le vide autour de lui. De Mokane Aït-Larbi à Amara Benyounès, nombreux sont les cadres ayant soit été poussé à la porte, soit ayant démissionné. Cela peut expliquer la déroute de Sadi, lors du dernier scrutin. En effet, alors qu'à Tizi Ouzou, il avait pu compter 80% des suffrages exprimés lors de la présidentielle de 1995 et toujours lors du même scrutin, 10% au niveau national, Sadi vient de recenser avec sa seconde déconfiture à la magistrature suprême, une «dégelée» royale. La Kabylie que le RCD pensait être le vivier électoral dans lequel Sadi pouvait puiser à pleines mains, s'est révélée être en fait, aussi plurielle que les autres régions du pays. Le régionalisme n'a pas marché et c'est tant mieux pour le pays. A Tizi Ouzou que le RCD pensait totalement acquise à son candidat, le président-candidat s'en était très honorablement sorti. A Béjaïa, M. Bouteflika a ravi la première place. Il faut dire que le «statu quo» dans lequel semble baigner la Kabylie, même si d'aucuns pensent que les solutions à la crise semblent difficiles, s'estompe doucement. Les forces politiques ayant marqué au moins une certaine retenue, lors des événements du printemps noir, donnent des signes d'un retour en force sur la scène politique kabyle. D'abord, le vieux parti d'opposition, le FFS, après un passage à vide, en fait une période consacrée à la réorganisation des sections et des fédérations et commence à recenser le retour en force de ses militants. La dernière sortie sur le terrain des leaders et des médaillés de rhétorique du FFS, a réellement secoué la Kabylie. Aujourd'hui, on peut sans grand risque d'erreur affirmer que le FFS apparaît comme une force incontournable sur l'échiquier régional. Ce qui arrive actuellement à l'aile FLN pro-Benflis disqualifie pour l'heure ce parti, au profit du RND. Alors que l'UDR de M.Amara Benyounès semble avoir choisi le wait and see. Très peu présents sur la scène régionale, les partis islamistes légaux n'ont pas réellement réussi à se placer, à la faveur de la campagne électorale. Il reste que ce qu'il y a de certain pour l'heure, c'est l'important recul du RCD.