Adel Bentounsi devant son oeuvre «Indécision» C'est Adel Bentounsi de Annaba qui raflera le Premier Prix, suivi de près de Adlane Samet et Alliane Baya avec leurs oeuvres d'art contemporaines plus ou moins intéressantes. «Après avoir tout brûlé lors de la performance «Brûlures au coeur», j'ai entendu comme par hasard, ce concours de peinture via un ami qui m'a envoyé un mail. Il ne me restait qu'un seul tableau qui était resté au Palais de la culture, le seul que je n'avais pas brûlé avec les autres, car je n'ai pas pu le récupérer. On m'a appelé pour la sélection et là, je me retrouve avec le Premier prix; ça m'a un peu choqué comment la vie est faite, car en ne retrouvant avec ma dernière oeuvre, jamais je ne pensais pas que ça allait arriver là.» Lui, c'est l'artiste-peintre Adel Bentounsi de Annaba, dont la démarche plastique des plus provocatrices consistait justement à se rebeller contre la valeur marchande de l'art. Mais ne voilà-t-il pas ironie du sort, à son tour hiérarchisé dans le cadre d'un concours... Le tableau primé en question s'appelle Indécision et c'est lié à une tranche de vie personnelle par laquelle est passé l'artiste. Dans cette peinture, le jeune Adel qui ne finira pas ses études à l'Ecole des beaux-arts d'Alger, faut-il le noter, mais partira tel un bohème, pendant deux ans à Paris se nourrir autrement d'art, met en exergue la brutalité animale de l'homme qui médite sur l'acte à franchir, ou pas tout en relativisant sur sa condition d'être humain, pour éviter sans doute des problèmes liés au désamour des autres sans doute. Une peinture qui suggère une idée de façon bien audacieuse, cela dit. Ce tableau-là était accroché aux cimaises de l'Institut culturel français d'Alger, dimanche dernier, et présenté à l'occasion de cette soirée, organisée par la Société Générale à l'initiative d'un concours de peinture.«Un des principaux partenaires de l'IFA qui est la Société Générale Algérie s'intéresse à l'art plastique, puisque depuis un an et demi son directeur soutient les jeunes talents. L'idée est partie de l'illustration et la mise en scène de notre escalier principal, qui tous les trois mois donnent l'occasion à des jeunes, issus pour la plupart de l'Ecole des beaux-arts d'Alger de venir se défouler en changeant l'architecture et la vision de notre escalier. Ça leur donne la chance d'avoir un catalogue en 300 exemplaires, ce sera leur carte de visite offerte par la Société Générale et dans cette belle aventure, la Société Générale est allée encore plus loin..», dira Jean-Claude Voisin, directeur de l'IFA en donnant la parole ainsi au directeur de cette banque qui soulignera avec enthousiasme: «Pour la deuxième année, on organise un concours pour favoriser l'éclosion des jeunes peintres d'Algérie, à l'image de leurs prédécesseurs qui sont là, Bourdine, Djemaï et Guita qui sont venus soutenir leur jeune collègue. Voir la peinture algérienne si riche et colorée et si belle. Nous avons un avantage, avoir un peu d'argent en tant que banque mais, un grand inconvénient; on ne se sent pas suffisamment professionnel pour choisir parmi les oeuvres de ces jeunes, qui seront les grands talents de demain...» En effet, pour ce faire, cette tâche est revenue à un jury composé de professionnels des arts plastiques à l'instar de Nadira Laggoune, professeur à l'Ecole des beaux-arts, Hellal Zoubir artiste, plasticien, également professeur à l'Ecole des beaux-arts et designer, et Sadek Rahim qui est aussi plasticien et commissaire d'expo. «Nous avons reçu énormément de travaux et de propositions. Ça été difficile de choisir parmi tout cela. Ce qui nous a frappé est le fait d'avoir reçu des travaux de presque toutes les régions d'Algérie. On a vu cette énergie et cette vitalité qui existe à travers tout le territoire algérien. Il y eut une seconde sélection conformément aux règles et critères parmi lesquels on a distingué trois lauréats», soulignera Mme Laggoune. Le premier a salué est donc Adel Bentounsi, dont la performance «Brûlures sera présentée et dévoilée au coeur» sous forme de vidéo, le 18 janvier prochain à l'occasion d'une grande exposition à Alger. Le second lauréat est Adlane Samet qui concourait avec Couleurs douleurs, un tableau réalisé à l'aide d'acrylique sur toile, mettant en scène un homme aux vêtements bigarrés, mais au regard sombre et triste. Le troisième prix est revenu à la jeune Alliane Baya de Tizi Ouzou, avec une peinture sans titre (technique mixte encre de chine et acrylique). Un tableau réalisé avec précision, composé de dessins minimalistes, comme une sorte de carte géographique marquée de la signalétique stop et une flèche, les deux en rouge. Des tableaux qui se démarquent en effet de l'ensemble exposé dont la tendance dominante verse dans l'art abstrait, avec des visions plus au moins apocalyptiques du monde tels ces titres: l'Ordre et le Chaos, Anxiété, La pression, Harraga etc.