Le président n'irait pas jusqu'à commettre l'erreur de remettre sur selle un parti dont le peuple garde des séquelles indélébiles. La réélection d'Abdelaziz Bouteflika, relance de nouveau le débat sur la remise sur orbite de l'ex-FIS. Ce dernier, dans un communiqué signé par un groupe de ses dirigeants, rendu public lundi dernier, souhaite que cette réélection «aboutisse à la mise en oeuvre de la réconciliation nationale». Les signataires du document, à l'exception de Ali Benhadj, jugent sur pièce, préférant attendre de voir si l'investiture de Bouteflika «va lever tous les obstacles empêchant la mise en oeuvre franche de la réconciliation nationale» Le chef de l'Etat dont la politique de concorde civile a permis depuis son premier mandat d'amnistier des milliers d'«égarés», avait promis lors de la dernière campagne électorale de parachever ce projet envers tous les Algériens. Ce qui ne voudrait pas dire que le chef de l'Etat permettra au dirigeants de l'ex-FIS de réinvestir la scène politique sous une autre appellation. D'ailleurs au début de son premier mandat Abdelaziz Bouteflika avait clairement souligné que le dossier du parti dissous était tranché avant même son arrivée au pouvoir. L'autre élément et non des moindres à écarter tout éventuel retour du FIS sous un autre sigle c'est le fait que le président de la République exclut toute nouvelle révision de la carte politique «tant que la sécurité n'est pas totalement rétablie». A l'inverse des dirigeants du parti islamiste, qui s'agitent dans toutes les directions gardant l'espoir de voir un jour leur formation politique renaître de ses cendres. C'est le cas de Abassi Madani, qui se pose en sauveur de la nation après plus d'une décennie de chaos. En effet, le leader de l'ex-FIS continue, non seulement de passer, outre, l'arrêt du tribunal militaire, lui interdisant de faire des déclarations publiques, mais surtout va jusqu'à préconiser l'organisation d'«un congrès national de réconciliation» regroupant «toutes les parties» impliquées dans la crise depuis 1992, y compris les anciens dirigeants de ce parti. Pour sa part Rabah Kebir, chef de la délégation exécutive du FIS à l'étranger qui, quelques jours avant la tenue du dernier scrutin, avait appelé à voter pour Bouteflika, estime que la réélection de celui-ci, «traduit la confiance du peuple qui vous considère comme l'homme de la situation et de la réconciliation nationale totale» Kebir qui parle d'élections «propres et libres» veut lui aussi se rapprocher de celui qui fut à l'origine de la loi sur la concorde civile. Une véritable course contre la montre est, donc, d'ores et déjà engagée par les différentes factions de l'ex-FIS pour obtenir les «faveurs» du chef de l'Etat à remettre sur la scène politique un parti, dont le dossier était pourtant censé être «définitivement clos». Bouteflika qui a, désormais les coudées franches, en raison, d'une part, de sa réélection par une écrasante majorité du peuple et du regroupement autour de son programme, n'ira pas jusqu'à commettre l'erreur de remettre sur selle un parti dont le peuple garde des séquelles indélébiles. Cependant, la seule mesure extrême que pourrait prendre Bouteflika pour couronner sa démarche de réconciliation nationale serait le rétablissement des dirigeants de l'ex-FIS dans leurs droits civiques et politiques et d'amnistier ceux d'entre eux condamnés par contumace par la justice algérienne.