Plusieurs partis, ainsi que certaines organisations appellent à un quatrième mandat. En Algérie, le seul domaine où le changement est visible c'est celui de l'élection présidentielle. après la fameuse période où le comité central du parti unique désignait le SG du parti comme candidat unique à la présidence du pays, sans fard ni décor, nous étions passés à la mode du candidat unique du système, qu'on appelait alors le candidat du consensus. Ensuite, nous sommes passés à la phase des comités de soutien et maintenant, nous sommes dans une nouvelle ère, une sorte de période mixte où, en même temps, on entend jaillir des appels à candidature et l'on voit se mettre en place des comités de soutiens. Autre époque, autres moeurs! En Algérie, tout le monde parle d'un quatrième mandat. Aussi bien ceux qui y sont favorables que ceux qui n'y voient aucune justification. Certains, à l'image de Saâdani, sont convaincus que Bouteflika se remettrait de sa maladie assez tôt pour faire lui-même sa campagne électorale et que, sinon, il serait apte, tout comme Roosevelt, à diriger le pays à partir d'un fauteuil roulant. D'autres croient dur comme fer qu'il est préférable qu'il s'inspire de l'exemple de Mandela et qu'en se retirant, il n'en serait que plus agrandi. Les apôtres du quatrième mandat Les premiers mettent en avant un prétendu intérêt du pays pour lequel ils ne voient pas meilleur candidat que l'actuel locataire d'El Mouradia, les seconds expliquent leur position aussi par l'intérêt du pays et par le nécessaire repos de l'homme et ils affirment que des hommes capables de mener le pays là où il faut sont nombreux en Algérie. Toutefois, le seul qui ne parle pas de ce quatrième mandat, et qu'on aurait bien aimé entendre sur cette question précise, c'est le concerné lui-même. Plusieurs partis, ainsi que certaines organisations appellent à un quatrième mandat, mais dans la cacophonie pré-électorale qui traverse le pays, il n'y a pas que l'appel à la candidature de Bouteflika. D'autres aussi ont appelé depuis Montréal, l'ex-chef de gouvernement Hamrouche à présenter sa candidature, alors que certains autres ont fait appel à Benflis pour postuler à la magistrature suprême du pays et il y a même fort à parier qu'il existe qui, s'ils reçoivent le signal, se mettraient à appeler Ouyahia pour la même cause. De même, la presse a fait état des comités de soutien qui poussent, ici et là, tant en Algérie qu'à l'étranger, aussi bien pour Hamrouche que pour Benflis alors que les comités de soutien à la candidature de Bouteflika sont en place depuis plusieurs années, depuis les mandats passés. Là encore, ceux que les gens, les partis et les organisations appellent à postuler ne disent rien. Ni Hamrouche, ni Benflis, ni encore moins Bouteflika n'ont ni accepté ni refusé. Aiment-ils se faire prier? Certainement, non. De toute façon, s'ils ont la même attitude jusque-là par rapport à ces appels, ils ont des raisons totalement différentes. Il se peut que Bouteflika réfléchisse encore s'il faut y aller ou non.Histoire de voir ses propres capacités et de les évaluer par rapport à un mandat de cinq longues années. Mais il se peut aussi qu'il ait déjà pris sa décision, et c'est là notre propre conviction, et qu'il présentera sa candidature au dernier moment pour garder ses futurs adversaires dans le flou, jusqu'à la dernière minute. Dans les deux cas, il aurait préféré de ne pas se prononcer. Mais pendant qu'il garde le silence, le nouveau SG du FLN, le Premier ministre, le président de TAJ, le président du MNA, le SG de l'Ugta et d'autres encore battent les tambours d'un quatrième mandat. Depuis qu'il sillonne le pays, Sellal ne fait rien d'autre que le bilan de Bouteflika. Depuis qu'il est à la tête du FLN, Saâdani ne fait rien d'autre que d'appeler au quatrième mandat. Depuis qu'il est à la tête de TAJ, Ghoul n'a cessé de dire sa fidélité à Bouteflika et depuis qu'il est revenu sur la scène politique, Benyounès n'a cessé de lui emboîter le pas. La stratégie de communication élaborée pour l'actuel président, et à laquelle on assiste depuis quelques temps déjà, est assez claire, du moins dans sa première étape où il s'agit, pour les apôtres du quatrième mandat, de s'étaler sur les points forts de Bouteflika pour contrer ceux qui l'attaquent sur ses points faibles. Ainsi, à ceux qui déploient l'argument économique, ils avancent l'argument sécuritaire. A ceux qui étalent l'argument social, ils avancent l'argument de la stabilité. On peut revenir sur les différents discours développés par la nouvelle Alliance présidentielle (FLN-RND-TAJ-MNA) pour se rendre compte à quel point ces arguments sont récurrents. Hamrouche Hamrouche est un fin évaluateur des situations. Sa longue expérience dans les hauts lieux a fait de lui un homme prudent et averti. In homme qui sait à quel point il est difficile de se rétracter une fois qu'on s'est engagé, surtout à un certain niveau. Il a appris à ne pas abattre ses cartes avant les autres. Il préfère donc, histoire de ne pas dévoiler ses intentions, faire preuve de patience et demander à ses soutiens de patienter. On se souvient encore de cette élection où il a dû se retirer à la dernière minute, laissant comme un goût d'inachevé chez ses partisans et comme une déception chez ceux qui le supportaient. C'est une expérience qu'il n'est pas près de reproduire, quand bien même était-elle justifiée par la crainte d'une non-transparence des élections de l'époque. C'est une raison suffisante pour que l'ex-chef de gouvernement de Chadli temporise aujourd'hui au maximum, avant de se prononcer. Poussé avec insistance par ceux qui croient en ses capacités à redresser le pays, il doit certainement résister de toutes ses forces, pour ne pas céder à la tentation et à la pression. Par ailleurs, Hamrouche qui aura 71 ans en 2014, n'a plus l'âge d'essayer, car à cet âge, lorsqu'on y va, on y va pour gagner ou bien on refuse d'y aller. Aussi, doit-il être en train de chercher à mettre tous les atouts de son côté, avant de se prononcer et c'est ce qui explique que, lui non plus, n'a rien dit jusque-là, à propos de sa candidature à l'élection de 2014. En cas d'une élection honnête et transparente, et dans le cas de la non-présentation de Ouyahia, le candidat Hamrouche aurait beaucoup de chance de l'emporter au vu de ses preuves sur le terrain, lors de son passage au gouvernement. Les défenseurs du quatrième mandat le savent et ce n'est donc pas un hasard si, lors de son passage à Aïn Témouchent, Sellal n'a pas raté l'occasion de décrocher quelques tirs sur celui qui l'a précédé au poste, il y a de cela exactement un quart de siècle, lui reprochant un laxisme «vis-à-vis de ceux qui ont voulu porter atteinte aux constantes et aux fondements nationaux». En tout cas, tout laisse croire qu'en principe, Hamrouche ne dévoilerait ses intentions qu'après que Bouteflika l'eût fait. Et, pour tout dire, on a plutôt l'impression qu'il ne se présenterait pas contre Bouteflika, sauf s'il a des assurances claires et sérieuses quant au déroulement de l'élection. Benflis A 70 ans, Benfis semble, lui aussi, avoir mûri. Il ne veut manifester ni précipitation ni passion. Lorsqu'on veut postuler à la présidence d'un pays, on doit faire preuve de beaucoup de rationalité et d'autant de vigilance. Surtout lorsqu'on est candidat indépendant, car le parcours des candidats indépendants chez nous est un véritable casse-tête qui peut, selon les moments, déboucher sur des inattendus! Et Benflis semble l'avoir définitivement compris et définitivement assimilé aussi. La presse rapporte que Si Ali, comme l'appellent ses proches, travaille sur une éventuelle candidature. Que son staff s'attelle sans relâche pour que tout soit fin prêt le jour J. Et que des comités de soutien ne cessent de pousser à travers le territoire national et à l'étranger pour, d'abord, faciliter la collecte des signatures règlementaires et, ensuite, procéder à la mobilisation nécessaire, afin de lui permettre de remporter l'élection. Entre-temps, ces comités de soutien, nous dit-on, le pressent de se prononcer. Or, Benflis a connu une expérience, qu'il ne veut surtout pas réitérer. Depuis les élections de 2004, l'enfant de Batna a préféré garder le silence pour réfléchir. Cela fait dix ans de silence et dix ans de méditation. Ce n'est pas au bout d'une décennie de réflexion que l'on risque de plonger les yeux fermés dans la première mare qui s'offre. Selon une certaine presse, Benflis aurait déclaré son intention de postuler à la candidature à la prochaine élection présidentielle avant la fin de l'année, «avec ou sans Bouteflika». Ceci risque de s'avérer une erreur plus tard car, avant d'annoncer sa participation, Benflis devrait bien connaître ses atouts. il devrait bien connaître ses faiblesses. Il devrait surtout bien connaître ce qui l'a fait perdre en 2004 et tenter de cerner ce qui a réellement changé depuis lors et ce qui n'a changé qu'en apparence. Les chances de Benflis pour remporter l'élection, en cas de renoncement de Bouteflika au quatrième mandat, ne sont pas moindres. Toutefois, il doit développer une bonne stratégie électorale et s'entourer de bons conseillers. Et c'est à cause de ces chances de remporter l'élection qu'il devra sans doute s'attendre à subir quelques attaques de la part des défenseurs du quatrième mandat d'ici quelque temps, car cela fait partie de la stratégie préélectorale à laquelle on assiste.