Chirac, qui a pris le soin de se faire accompagner d'une importante délégation journalistique, a joui d'une couverture hors pair. La visite de Chirac à Alger, recelant une très forte connotation politique et géostratégique, a certes été reléguée au second plan par les médias français, à cause, notamment du nouveau message de Ben Laden et de l'aggravation de la situation en Irak. Le thème, toutefois, a accaparé une bonne part dans tous les médias français, à commencer par les chaînes de télévision, qui en ont fait de très larges couvertures. Aussi bien Le Monde, que Le Figaro ou Libération, ils s'attardent tous, dans leurs commentaires, sur la «rivalité franco-américaine» née à cause de la guerre en Irak et exacerbée par les tensions au Proche-Orient ainsi que la lutte mondiale contre le terrorisme. Alger, axe nodal entre l'Europe et l'Afrique, l'Atlantique et le Pacifique, l'Amérique et l'Asie, fait ainsi l'objet d'une convoitise sans borne de la part de Paris et Washington. Le conflit n'a pas laissé de s'exacerber depuis que l'Algérie, sous Bouteflika, a renoué avec la paix, le développement économique, et a engrangé une quantité appréciable de devises, constituant la meilleure des garanties outre le retour de la stabilité politique, aux éventuels investisseurs étrangers, notamment français et américains. L'Humanité, dont l'hostilité à Chirac est bien connue, a pour sa part, mis en exergue «l'étonnement des Algériens», du fait que cette visite «intervient une semaine seulement après la réélection du président Bouteflika». Le journal, proche du Parti communiste français, enchaîne sur la dualité franco-américaine pour mettre en exergue le retard pris par Paris : «On murmure à Alger, qu'Abdelaziz Bouteflika n'aurait pas apprécié le manque de soutien de Paris à sa candidature alors que Georges Bush s'était clairement manifesté, lui, en faveur d'un second mandat.» Le Figaro, proche en revanche de l'Union présidentielle de Chirac, souligne que ce dernier est venu à Alger «soigner sa politique arabe». «Premier chef d'Etat à être reçu par Abdelaziz Bouteflika depuis sa réélection, il peut se targuer d'entretenir des liens pour le moins serrés avec les principaux dirigeants du Maghreb», souligne le journal, qui confirme, lui aussi, sous la plume de son envoyé spécial, la grande dualité existant entre Paris et Washington. Il précise, en effet, que «cette nouvelle proximité franco-algérienne se développe alors que l'influence américaine est grandissante aussi bien en Algérie qu'au Maroc». Le journal, qui cherche à terminer sur une note optimiste, y va de sa propre lecture politique : «Paris et Alger se démarquent de la puissance américaine pour développer des points de vue très proches». Le Monde, quant à lui, s'appesantit longuement sur les perspectives algériennes prometteuses sous le règne d'un Bouteflika réélu à une écrasante majorité, avec une embellie financière exceptionnelle et une situation sécuritaire particulièrement bonne. Ce journal, au passage, met en exergue l'inquiétude de certains médias après la réélection de Bouteflika, de même que l'autocritique de certains titres, qui ont enfin pris conscience que la presse ne fait, ni ne défait les chefs d'Etat.