De très grandes décisions dans les domaines politique, culturel et économique sont attendues incessamment à la suite de cette rencontre. Le président français Jacques Chirac a réuni hier une quinzaine de ministres pour assurer le suivi de la coopération entre la France et l'Algérie, comme il s'y était engagé au lendemain de son historique visite d'Etat en Algérie effectuée au début du mois de mars. C'est ce qu'a indiqué, hier, un communiqué de l'Elysée. A cette réunion, qui s'est tenue, après le Conseil des ministres hebdomadaire, ont pris part le Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, et seize ministres en charge des dossiers liés à la coopération avec l'Algérie. Il s'agit de MM.Dominique de Villepin (Affaires étrangères), Nicolas Sarkozy (Intérieur), Michelle Alliot-Marie (Défense), Luc Ferry (Education nationale), Francis Mer (Economie), Gilles de Robien (Equipement et transports), Roselyne Bachelot (Ecologie), Jean-François Mattei (Santé), Jean-Jacques Aillagon (Culture), les ministres délégués et secrétaires d'Etat, Nicole Fontaine (Industrie), Pierre André-Wiltze (Coopération), François Loos (Commerce extérieur), Xavier Darcos (Enseignement scolaire), Christian Jacob (Famille), Tokia Saifi (Développement durable), et Hamlaoui Mekachera (Anciens combattants). La réunion a duré environ quarante-cinq minutes. Le président Chirac avait, lors d'un Conseil des ministres, tenu immédiatement après son retour d'Alger, exhorté l'ensemble de ses ministres à préparer des dossiers exhaustifs sur l'état des relations entre l'Algérie et la France dans chacun de ces domaines avant de présenter des perspectives devant aller crescendo afin de resserrer plus que jamais les liens entre les deux pays. En effet, cette «réunion de ministres» était destinée «à faire le suivi de sa visite d'Etat et à fixer la feuille de route des ministres», a précisé l'Elysée. Chirac avait déclaré que cette réunion interviendrait avant l'été. Un travail titanesque a été mené en ce sens alors que le niveau des échanges entre Alger et Paris n'a cessé de grandir depuis la visite de Chirac. Les observateurs, qui mesurent l'importance de cette réunion à l'aune de la course désormais «officielle» entre Paris et Washington à propos des potentialités algériennes et de son imprenable position géostratégique, n'excluent pas la prise de décisions très importantes de rapprochement nouveau avec Paris dans les tout prochains jours. Il s'agirait notamment, estime-t-on, du renforcement de la coopération politique, avec des échanges ministériels, la réouverture des consulats et des Centres culturels français, de la création d'un Haut Conseil franco-algérien universitaire et de recherche et d'une Ecole supérieure des affaires. Les deux pays s'étaient aussi engagés à développer leur coopération dans les domaines des transports, de l'eau et de l'énergie, mais aussi de la PME et des banques. La France, dans ces domaines, jouit d'une réputation qui est loin d'être surfaite alors que notre pays sait que sa relance économique durable et créatrice de richesses et d'emplois passe immanquablement par ses petites et moyennes entreprises. En outre, estime-t-on encore, aucune relance digne de ce nom ne saurait être envisagée sans que le système financier algérien ait été révisé de fond en comble. Le président Chirac, dans un point de presse animé à Alger, à l'issue de sa visite de deux jours dans notre pays, avait mis en exergue la volonté de la France de faire profiter l'Algérie de ses multiples expériences et technologies, souhaitant même que le renforcement des relations entre les deux pays arrive au niveau d'excellence requis avec la mise en place d'un traité, comme celui qui lie la France à l'Allemagne. Ce serait le premier document du genre entre un pays en voie de développement et un pays riche et puissant, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. Un geste important a déjà été accompli avec la reprise, le 28 juin dernier, des vols de la compagnie aérienne Air France vers Alger.