Il est attendu des moments historiques et un virage très significatif dans l'histoire commune de l'Algérie et de la France. Le président français Jacques Chirac arrivera demain à 13 h à Alger. Accueilli par son homologue Abdelaziz Bouteflika, les deux hommes auront un premier entretien au salon d'honneur de l'aéroport Houari-Boumediene. Par la suite, l'hôte de l'Algérie se rendra à la place Maurétania, à l'embouchure du boulevard Hassiba-Ben Bouali. Sur place les clés de ville lui seront symboliquement remises, en sus des honneurs qui lui seront rendus par la Garde républicaine. Le président Chirac se rendra au quartier de Bab El-Oued où il déposera une gerbe de fleurs à la mémoire des victimes des inondations de novembre 2001. Après une halte à sa résidence à Zéralda, le président français prendra la direction de Riadh El-Feth, comme le veut le protocole en pareilles circonstances. Vers 17h 20, les deux chefs d'Etat se retrouveront à El-Mouradia pour un autre tête-à-tête. Mais avant Chirac remettra à Bouteflika le sceau du Dey d'Alger. Un geste fort symbolique qui renseigne sur la volonté des deux pays de tourner définitivement la page de la nuit coloniale et de refonder sur des bases sérieuses les relations entre les deux Etats. Il est attendu, à l'issue de l'entretien entre les deux hommes, la signature d'une déclaration commune entre l'Algérie et la France. Lundi, Jacques Chirac entamera son deuxième jour de visite en Algérie par un discours qu'il prononcera au Palais des nations devant les députés et les sénateurs réunis. Après son intervention, du reste très attendue par l'ensemble de la classe politique des deux pays et par les observateurs, le chef de l'Etat français se rendra au cimetière chrétien de Bologhine pour s'y recueillir. Là aussi, la halte est significative de la volonté des deux nations de cohabiter en paix et d'oeuvrer à dépasser les considérations subjectives pour construire un avenir commun. Loin d'être déconnectée de la réalité, la visite sera ponctuée par une conférence de presse qu'animera le président français le même jour à 16 h. Un rendez-vous avec la société civile qui sera renforcé par un autre, puisque Chirac dînera le même jour avec des intellectuels algériens. Le dîner en question est considéré comme privé et n'entre donc pas dans le cadre du protocole pour ce genre de visite. L'occasion pour le président français de jauger la société pensante algérienne, comme cette dernière aura l'opportunité de poser en termes clairs et dépassionnés les raisons de la discorde qui a longtemps empêché les deux nations de faire définitivement la paix. Le troisième jour, Jacques Chirac rendra visite à l'usine Michelin d'Alger, l'une des rares opérations de partenariat digne de ce nom entre des opérateurs français et algériens. Cette visite est d'une importance capitale, pour la simple raison que la délégation qui accompagnera le président français constatera de visu qu'il est parfaitement possible d'investir en Algérie et d'en tirer des dividendes. Le même jour, il s'envolera pour la deuxième ville du pays, Oran, où il sera accueilli au Centre culturel français de la ville. Sur place, la maquette du nouveau consulat de France d'Oran lui sera présentée. Toujours inscrite dans le cadre d'un contact direct avec l'élément réellement agissant de la société, le chef de l'Etat français sera invité à prendre la parole à l'université d'Es-Sénia devant un parterre d'étudiants. Un discours également très attendu qui clôturera la visite d'Etat de Jacques Chirac en Algérie. Celle-ci, à voir le programme, recèle d'innombrables symboliques et par sa nature fera sauter de nombreux verrous qui ont empêché à ce jour, les deux pays à se regarder en face. En effet, durant ces trois jours, le président français s'exprimera à plusieurs occasions. Autant dire donc que tous les sujets qui concernent les deux nations, notamment ceux tabous, seront abordés par le président Chirac. Il est donc attendu, selon de nombreux observateurs, des moments historiques et un virage très significatif dans l'histoire commune de l'Algérie et de la France. Aux plans culturel, politique ou économique, il est évident que le voyage présidentiel de Jacques Chirac sera un moment fort pour les deux sociétés, affirme-t-on dans les milieux diplomatiques de l'Hexagone. Ces derniers affirment, par ailleurs, que le Medef est fortement sollicité par le pouvoir politique pour accompagner cette volonté de partenariat multiforme.