Les forces de sécurité irakiennes ont arrêté hier à l'ouest de Baghdad un député sunnite connu pour son soutien aux manifestants anti-gouvernement, au prix d'un raid ayant coûté la vie à son frère et à cinq gardes. Ce raid visait en premier lieu le frère du député selon l'armée, qui a fait également état d'un mort parmi les forces de l'ordre, mais risque d'alimenter encore un peu plus le mécontentement de la minorité sunnite en Irak et la spirale des violences qui frappent le pays. «Les forces de sécurité ont attaqué la résidence du député Ahmed al-Alwani dans le centre de Ramadi pour l'arrêter ce matin, provoquant une bataille avec ses gardes à l'arme automatique et au lance-grenade», a déclaré un officier de police. «Cinq des gardes d'Alwani et son frère ont été tués, et huit autres personnes blessées, tandis que 10 membres des forces de sécurité ont également été blessés», a ajouté cet officier. Un médecin à l'hôpital de Ramadi a confirmé le bilan des heurts. Selon le ministère de la Défense, le raid des forces de l'ordre a débuté à 4h00 (01h00 GMT) et visait Ali, le frère du député, pour des soupçons de terrorisme. Les deux frères et les gardes ont alors ouvert le feu, tuant un membre des forces de l'ordre et en blessant cinq autres. Les forces spéciales irakiennes ont ensuite publié une photo floue d'Ahmed al-Alwani, la tête basse, en assurant que le député quadragénaire avait été arrêté par les forces antiterroristes. Le président du Parlement, le sunnite Ossama al-Noujaïfi, a dénoncé cette arrestation en estimant qu'elle violait la Constitution irakienne et l'immunité parlementaire de M. Alwani. Le député sunnite était connu pour avoir régulièrement apporté son soutien aux protestataires qui campent sur l'autoroute près de Ramadi, à l'ouest de Baghdad, pour dénoncer le gouvernement du chiite Nouri al-Maliki. Ce mouvement de protestation avait éclaté l'année dernière, après l'arrestation pour des soupçons de terrorisme de gardes de Rafah al-Issawi, un politicien sunnite influent alors ministre des Finances. Ces arrestations avaient été considérées comme un exemple supplémentaire de l'abus par les autorités de l'arsenal juridique antiterroriste à l'encontre la minorité sunnite, qui s'estime marginalisée. Le 22 décembre, M. Maliki a affirmé à la télévision que le campement des protestataires près de Ramadi était devenu un repaire d'Al Qaîda. Le Premier ministre a appelé «ceux qui sont sur place (...) à quitter cet endroit et à y laisser Al Qaîda seul», ajoutant sans plus de précision que les protestataires avaient «un délai très court» pour partir.