La diplomatie et la communication ont toujours fait bon ménage, la diplomatie commence là où la communication s'arrête. Et le tour de com initié par le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et le ministre de la Communication, Abdelkader Messahel, dans cette version du gouvernement Sellal II a une nouvelle fois déployé toute une gymnastique communicative pour répondre à toutes les questions d'actualité. Dans le débat sur la double numérotation qui agite les opérateurs de la téléphonie mobile sur la 3G, la double communication s'est désormais inscrite dans notre quotidien. Ce n'est pas les questions qui manquaient et ce n'est pas les réponses qui étaient de trop. Faute de porte-parole du gouvernement, Messahel et Lamamra communiquent en exposant les grandes lignes du gouvernement et développent la politique extérieure et intérieure du pays. Cela comble-t-il le déficit de communication de certains ministres qui fuient la presse comme la peste? Si Lamamra et Messahel, deux ténors de la communication ont accepté de se plier au jeu lancinant de la presse, c'est essentiellement pour sauver la peau d'un gouvernement sur des questions aussi gênantes que boiteuses, auquelles nos diplomates de la communication font chaque semaine face. Une nouveauté est tout de même à signaler, c'est ce bouquet de micros qui a couvert les visages des deux hommes du gouvernement. Ce bouquet nous signale au passage l'évolution de l'audiovisuel en Algérie et la montée en puissance de certaines chaînes de télévisions privées. Une ouverture audiovisuelle virtuelle qui démontre si plus est que l'Algérie est révolutionnaire dans sa gestion des choses. C'est le cas de cette chaîne qui gêne et qui dérange, Ennahar TV, qui a diffusé la conférence de presse des deux ministres en différé de 30 mn. Quel que soit l'impact de cette image sur les journalistes que nous sommes, nous avons l'infime impression qu'on veut tout nous montrer et tout nous dire à la fois. On a bien dit que trop de communication tue la communication. Dans un pays où les ministres des secteurs s'expriment peu ou jamais. Ils n'affrontent ni les questions des citoyens ni celles des journalistes. En revanche, il y a des ministres qui répondent avec diplomatie aux questions parfois indirectes des journalistes. La communication est un métier, alors qu'être ministre est un engagement envers le peuple et la République. Lamamra a réussi sur ce registre à calmer les passions sur l'affaire Hollande et sur certaines questions restées en suspens alors que Messahel a su gérer les réponses sur des questionnements du traitement audiovisuel du Petit Journal de Canal +. La double communication offre-t-elle une double réponse à nos questions, pas sûr si on adopte une technique d'analyse et d'explication pas encore à la portée de tous. La parole des diplomates est connue pour être la langue la plus claire et la plus obscure dans la communication. Alors fait-on de bons communicants quand on est diplomates ou fait-on durer le suspense et la raison pour donner l'impression de bien dire les choses non dites. Quoi qu'il en soit, la raison d'être d'un diplomate, c'est de ne pas dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas et la raison d'être d'un homme de communication c'est de penser tout haut ce que tout le monde dit tout bas. Au final, on ne dira jamais tout haut ce que tout le monde pense tout bas et c'est cela la communication ou l'art de ne pas tout dire....