Si le chef de l'Etat ne se présentera pas à la présidentielle, le FLN sera subdivisé davantage. L'agitation s'amplifie au sein du vieux parti à mesure qu'on s'approche du jour J. Au risque de faire imploser l'ex-parti unique, l'agitation et la surenchère inéluctables ont atteint leur paroxysme au sein du parti majoritaire au Parlement. A la tête du FLN depuis 2005, Abdelaziz Belkhadem qui a commis un forcing lors du show politique de Saâdani, a ouvert par-là un autre front de bataille autour du contrôle du FLN. Celui qui s'est déjà taillé en 2006, un costume sur mesure d'un «homme présidentiable en prévision de l'échéance de 2014», n'a pas renoncé à son projet. En cette époque, le tri des membres du comité central figurant sur les listes élues aux niveau des mouhafadhas, était opéré par Belkhadem. En clair, la composante du CC a été désignée par le secrétaire général sortant. La majorité d'entre eux ont d'ailleurs exprimé leur fidélité à Belkhadem lors du vote de confiance qu'il avait sollicité à la réunion du comité central du parti, en fin janvier dernier. Malgré le fait qu'il faisait l'objet d'une contestation depuis plus de deux ans, Belkhadem a perdu par quatre voix d'écart seulement, (160 contre 156 voix avec sept bulletins nuls). Des voix qu'on a attribuées, au demeurant, aux quatre ministres, à savoir Amar Tou, Abdelaziz Ziari, Harraoubia et Tayeb Louh. Digérant mal sa destitution par retrait de confiance, qualifiée comme haute trahison, et obnubilé par cette majorité numérique au sein du CC, Belkhadem récidive pour se frayer un chemin de retour en force. Il serait même sur le point de réussir son coup de force. Dans ce contexte, des sources proches de l'ex-secrétaire général affirment qu'une session extraordinaire serait convoquée le 23 ou le 25 janvier pour introniser Belkhadem à la tête du parti. L'intrusion faite par Belkhadem a eu des conséquences jusqu'au sein du bureau politique acquis à Amar Saâdani. Aux dernières nouvelles, l'ex-représentant personnel du chef de l'Etat qui a perdu son poste suite au remaniement ministériel de septembre 2012, a reçu chez lui, un groupe de membres du comité central. Il leur a fait savoir que son élection à la tête du FLN passera par l'urne, non par le plébiscite pour se donner une légitimité et se conforter au règlement du CC. Tout en disant qu'ils ne voient pas d'autre personnalité en dehors de Belkhaddem capable de maintenir la cohésion et la stabilité au parti, les pro-Belkhadem fustigent les sorties tonitruantes de Saâdani. Belkhadem qui n'a jamais fait mystère de son ambition aurait même été reçu par le chef de l'Etat le lendemain. Belkhadem qui ne fait pas mystère de son fondamentalisme et sa tendance à sacrifier la ligne nationaliste peut prétendre mobiliser une partie de l'électorat islamiste. Saâdani, de son côté, qui continue à faire de la résistance, ne pourrait se maintenir qu'à la faveur d'un changement majeur de dernière minute, indiquent des sources concordantes. Des dissensions ont marqué la dernière réunion du bureau politique, indique-t-on encore. Saâdani qui continue a défendre tant bien que mal sa feuille de route relative à la construction d'un Etat civil, supposant un appui partisan véritable et fort. Donc, prévoyant soit la réforme du FLN qui va se muer d'un appareil en vrai parti politique, soit sa disparition comme ce fut le cas de tous les partis «nationalistes» dans les pays touchés par le printemps arabe. Ceci dit, la guerre que se livrent les clans du vieux parti est valable, aussi bien pour la présidentielle, que le poste de la vice-présidence de la République. En tout cas, l'éventualité que l'actuel locataire d'El Mouradia ne se présentera pas à l'élection prochaine fait craindre le pire. Non seulement l'ex-chef de gouvernement, Ali Benflis, qui se prépare à prendre part à la présidentielle dispose encore d'appuis au sein du FLN, mais il faut compter aussi avec les soutiens à la candidature du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui s'affichent déjà au sein du parti. Dans sa déclaration relative à la sacralisation de Hocine Aït Ahmed, certains y décèlent une main tendue à l'ex-chef de gouvernement Mouloud Hamrouche en ces temps de grandes manoeuvres politiques pour la succession au pouvoir.