L'une des conséquences de la déroute électorale de Djaballah est la probable mue de l'ex-FIS sous la houlette de Rabah Kebir. Rabah Kebir, l'un des piliers du FIS-dissous, est-il de retour dans l'exercice politique? Le député dissident du mouvement El-Islah, Aada Fellahi, n'écarte pas cette éventualité. «Je contacterai prochainement Rabah Kebir pour lui proposer la restructuration de l'ex-FIS, histoire de revigorer l'opposition islamiste qui est en phase d'agonie», nous a-t-il déclaré, hier, dans un entretien téléphonique. Considérant que le courant islamiste est dans un «état comateux», notre interlocuteur a insisté sur l'impératif d'un «retour urgent de la mouvance islamiste qui a raflé la mise aux législatives de 1991, mais sous une autre appellation». En décidant de prendre attache avec cet islamiste dont le nom est étroitement lié à la tragédie nationale, Fellahi a choisi «l'aile modérée» qui puisse «refédérer» l'ensemble des factions islamistes. Il voit en lui, l'homme qui recèle «trois qualités cardinales» le donnant apte à «pouvoir accomplir cette mission». Ces qualités, telles qu'énoncées par le «redresseur» d'El-Islah ont trait à sa «non-implication dans les affaires de sang», «sa vision moderniste» et enfin «l'expérience qu'il a acquise durant son séjour en Allemagne». Mais ce que Fellahi n'a pas dit, c'est que Rabah Kebir a pu se forger une autre image que celle qu'il avait lors de la décennie écoulée. Rabah Kebir a approuvé la présidentielle du 8 avril dernier non sans soutenir la candidature de M.Bouteflika. Maintenant que les velléités de la création d'un parti politique ou plutôt le retour du FIS dissous par des moyens détournés, se font jour rien ne dit que Kebir a monnayé son intégrisme démesuré pour un renouement avec l'activisme politique «légal» sur la scène nationale. Toutefois, aucun signal n'indique que le ministère de l'Intérieur tolérerait une formation politique intégriste, alors qu' un refus catégorique est signifié à Wafa. Ainsi, en comptant sur le charisme du passé et la «modération» du présent, Rabah Kebir et ses fidèles, ne désespèrent pas de «réincarner la gloire de 1991» en mettant sur pied une structure partisane qui rassemblerait toutes les ouailles de Madani et Benhadj, les deux figures emblématiques de l'ex-FIS. Après l'avalanche de Ennahda et le chancellement d'El-Islah, les nostalgiques d'un Etat théocratique voit en ce responsable de l'ex-FIS l'unique alternative.