Durant la même journée, le représentant du FIS dissous à l'étranger a rencontré M.Ali Yahia Abdenour. M.Abdellah Djaballah, président du Mouvement El Islah, a reçu dans l'après-midi d'hier Rabah Kebir au siège du parti. L'entrevue qui a duré plus de deux heures est le résultat d'une médiation faite par des personnalités proches des deux partis, apprend-on de l'entourage de la formation islamiste. «Nous avons eu écho du souhait de Kebir de s'entretenir avec cheikh Djaballah. J'étais moi-même contacté par son frère avant d'être officiellement sollicité par Kebir», nous a déclaré M.Lakhdar Benkhelaf, secrétaire national chargé de l'organique au niveau d'El Islah. Il faut savoir que Rabah Kebir n'est pas étranger à cette formation, où Il est considéré comme «l'élève» de Djaballah. Et pour cause, en 1975, il avait adhéré au mouvement clandestin créé par le leader islamiste, lequel l'avait désigné comme responsable de la daïra de Collo à Skikda. En 1989, il prend part à l'association culturelle El Nahdha, aux côtés de Djeddi et Boukhamkhem, avant de la quitter, à la surprise de ses anciens collaborateurs, pour se joindre à Abassi Madani et Ali Benhadj sous la coupe du FIS dissous Concernant la rencontre d'hier, les discussions ont tourné autour de «la situation politique dans le pays» avec, de prime abord, «l'application de la Charte pour la paix et son impact sur la situation sécuritaire dans le pays». Kebir et Djaballah ont convenu que «l'Algérie a fait des pas importants vers l'établissement de la paix». Le représentant de l'ex-FIS, affirme notre source, a réitéré sa volonté de créer un parti politique. Une revendication qu'il n'a cessé de défendre depuis son retour au pays. Djaballah lui a signifié que «la scène politique est ouverte à tous les courants à condition que la concurrence se fasse dans le respect des valeurs de la démocratie». «L'Algérie de 2006 n'est pas celle de 1991. Les discours extrémistes n' ont pas de place ni la même influence sur les Algériens qui espèrent tourner la page d'une décennie noire ayant plongé le pays dans la violence la plus barbare», a défendu Djaballah. Après ces mises au point, le président d'El Islah a signifié à son interlocuteur qu'il ne voit pas d'inconvénient à la création d'un parti politique par les cadres modérés de l'ex-FIS. Cette position est loin d'être un slogan, souligne notre source. En effet, au niveau du Mouvement El Islah l'on est arrivé à une conviction selon laquelle Kebir et les dirigeants du FIS dissous à l'étranger sont rentrés au pays après avoir reçu des assurances de la part du pouvoir pour constituer une formation politique. «Les rencontres qu'il a eues avec le chef du gouvernement, M.Abdelaziz Belkhadem et les autres leaders politiques plaident pour cette thèse». Quant à l'éventualité d'ouvrir les listes électorales d'El Islah aux militants du FIS dissous à l'occasion des prochaines échéances électorales. Djaballah ne semble pas, a priori, afficher une quelconque opposition à cette idée. «Notre mouvement depuis sa création a tracé comme objectif de reconstruire et de reconstituer le courant islamiste et national sur des bases solides et transparentes», atteste M.Benkhelaf. C'est dans ce cadre que le parti a inclus dans ses listes des militants du FIS dissous, du FLN et du MSP en 2001, «nous avons des députés et des élus locaux issus de l'ex-FIS». Le parti ne dérogera pas à la règle en 2007. «Nos listes resteront ouvertes à toute personne logique de tendance islamiste ou nationaliste désireuse de se présenter sur nos listes». Mais à El Islah, l'on ne fait pas trop d'illusion. «Kebir et ses proches n'aspirent pas à se présenter sur nos listes. Leur objectif est clair: ils sont rentrés pour créer un parti politique indépendant et autonome». C'est ce qui ressort de l'entretien entre Djaballah et Kebir. Cela ne semble pas déranger le président d'El Islah. La place de cette formation politique dans l'échiquier national ne serait pas affectée par ces éventuels revirements, souligne notre source. Loin s'en faut. «Notre parti est profondément ancré dans la société algérienne. Sur ce plan, nous n'avons aucun doute». Quant au FIS dissous, «les choix pris en 1991 par la direction du parti ont renforcé la méfiance des Algériens à l'égard de cette formation». Dans le cadre de ces rencontres, nous avons appris que Kebir a eu des discussions, hier matin, avec M.Ali Yahia Abdenour, de la Ligue algérienne des droits de l'homme (Ladh).