En écartant l'éventualité de présenter les anciens cadres du FIS dissous dans leurs listes électorales pour le rendez-vous du 17 mai, les partis islamistes en lice annoncent la rupture. Les partis islamistes agréés ne semblent pas près de revivre l'expérience de présenter dans leurs listes des candidats issus du parti dissous (FIS), lors de leur participation aux élections des Assemblées populaires communales et de wilaya organisées le 10 octobre 2002. Une carte politique restée longtemps jouable pour l'échéance des législatives du 17 mai prochain, jusqu'à cette semaine qui a vu les deux partis concernés, le MSP et El Islah, annoncer officiellement la mise au placard d'un tel projet. Les dispositions de la Charte nationale qui signifie clairement dans l'article 26 l'interdiction de l'exercice politique, «sous quelque forme que ce soit, pour toute personne responsable de l'instrumentalisation de la religion ayant conduit à la tragédie nationale.» avaient, depuis longtemps, tranché la question, laissant tout de même le soin au président de la République d'apporter toute contribution jugée utile aux Algériens. Mais la confirmation apportée avec force par le ministre de l'Intérieur au sujet de cette interdiction, a mis fin à toute spéculation en la matière, d'où les sorties médiatiques retentissantes du secrétaire général à l'organique au mouvement El Islah, M.Abdesselam Benkhellaf et du vice-président du MSP, M.Abderrahmane Saïdi qui ont déclaré, à l'unisson, qu'ils avaient «suffisamment de candidats pour aller les chercher ailleurs.» Net et précis. Ces deux partis tiennent à montrer, par l'occasion, qu'ils s'en tiennent à la légalité et au respect des lois de la République. Soit l'acceptation des règles du jeu démocratique. Le secrétaire national chargé de l'organique au sein d'El Islah justifie la position de son parti en déclarant que «les ordonnances d'application de la charte sont claires sur cette question. M.Saïd Zerouki, du ministère de l'Intérieur, dit-il, a été catégorique sur la participation de cette catégorie aux élections». Certains observateurs se sont référés à l'entrevue tenue le 23 octobre 2006 entre Rabah Kebir et Abdellah Djaballah à Alger, pour justifier une probable alliance entre les deux tendances. Une thèse écartée, d'emblée, par les proches de Djaballah. Afin de comprendre les motivations du président d'El Islah, il faut savoir que Rabah Kebir est l'un de ses anciens compagnons dans le militantisme islamiste dans les années 70. Le vice-président du MSP estime, de son côté, que les anciens de l'ex-FIS sont exclus d'emblée par la charte et son parti refuse de revivre l'expérience du 10 octobre 2002, qui a vu l'exclusion de plusieurs de ses candidats aux locales par la force de la loi. Ce qui avait créé un profond malaise au sein des structures du parti et donné un coup fatal à la campagne électorale, entamée avec beaucoup d'assurance. «Plusieurs noms ont été effacés des listes du MSP par le ministère de l'Intérieur et des réserves ont été soulevées sur des candidatures», a récemment déclaré le vice-président de ce parti dans les colonnes de L'Expression. Ce qui marque inévitablement une rupture avec le discours entretenu depuis des années par l'aile légale de la mouvance islamiste qui n'a jamais désespéré de rallier à sa cause les voix restées fidèles à l'ex-parti n°1 de cette mouvance. Les observateurs nationaux et internationaux, tout comme l'opinion publique, avaient noté l'enthousiasme suscité par le retour de l'ex-chef de la délégation du FIS à l'étranger au mois d'octobre 2006, dans les rangs des partis cités ci-dessus, d'autant qu'il avait clairement déclaré son intention de renouer avec l'activité politique légale. Un projet mort-né ou peut-être renvoyé à une date ultérieure. Le temps que l'Algérie ait repansé ses blessures et retrouvé une paix totale. Sujets à des tiraillements internes et éloignés les uns des autres du fait des approches politiques développées, devenues inconciliables au fil du temps, les anciens animateurs de la ligne politique du FIS dissous se voient aujourd'hui lâchés par les alliés naturels. Un virage important qui marque sûrement une décantation sur la scène islamiste et, peut-être, la fermeture définitive du champ politique au personnel de l'ex-FIS.