L'exemple de la Turquie est là pour rappeler que la démocratie est possible à l'ombre de l'Islam. La situation sécuritaire en Algérie revient au premier plan des préoccupations des dirigeants du pays et de l'ensemble de la classe politique. Les citoyens assistent, impuissants, au retour imprévu des images dramatiques de la tragédie nationale. Des analyses sont faites çà et là pour tenter d'expliquer cette recrudescence inquiétante de la violence armée. Le terrorisme qu'on annonçait vaincu ressurgit. Avec un autre visage. D'autres moyens. D'autres parrains et d'autres acteurs aussi. L'époque du FIS dissous des années quatre-vingt-dix qui avait initié la lutte armée en écumant les maquis et les villes a laissé place à une autre génération. Celle des kamikazes recrutés à l'âge où l'on prend le chemin de l'école. Désormais, les terroristes qui font régner la terreur sont des chérubins. Nos enfants. Les enfants de l'Algérie des années 2000. La Réconciliation nationale a ramené le pays du néant. Elle a ouvert des horizons de paix à un pays tiré par une force inouïe vers l'abîme. Reste à consolider l'assise politique de cette solution à l'algérienne en consolidant ses aspects positifs. Là se pose la question du rôle que pourraient jouer les anciens mentors du terrorisme en Algérie revenus au droit chemin de la paix: les repentis. Ce geste de repentance ne l'ont-ils pas fait par conviction? Leur mission s'est-elle terminée le jour où ils ont déposé les armes ou peuvent-ils rendre service à la patrie à laquelle ils sont redevables? Certains parmi eux ont changé de secteurs d'activité en versant carrément dans le commerce et les affaires, d'autres, par contre, sont convaincus que leur place est dans l'arène politique. Un droit garanti par la Constitution. Certes, les textes de la réconciliation nationale ont statué sur leur sort et leur avenir, mais il se trouve qu'une certaine catégorie revendique toujours un retour à la vie normale. Un statut de citoyen à part entière qui s'exprime par une participation à la vie politique. Les ex-dirigeants du FIS dissous, dont ceux de l'AIS, l'ont maintes fois réclamé. Les ex-émirs Madani Mazrag, Kertali, Mustapha Kebir (le frère de Rabah Kebir) et Ahmed Benaïcha revendiquent toujours leurs droits politiques. Parmi eux, des candidatures ont été proposées au FLN à l'occasion des dernières élections législatives du 17 mai. D'autres partis tels El Islah, MSP et Ennahda se proposaient de miser sur les ex-éléments du FIS dissous pour gagner des sièges à l'APN. Les cadres de l'ex-FIS résidant dans le pays ou installés à l'étranger tels que Rabah Kebir, Boukhamkham, Djeddi et Ali Benhadj militent toujours pour un retour sur la scène politique sous une forme ou une autre. L'été dernier on a même annoncé la probabilité de la création d'un parti politique sous la houlette de Rabah Kebir. Les réactions virulentes d'une certaine classe politique et l'intransigeance du gouvernement sur la question ont freiné net cet élan. Mais rien ne dit que le dossier est clos, malgré les déclarations répétées des politiques en charge de la gestion des affaires du pays. La solution préconisée par le pouvoir de traiter avec une certaine tendance politique de l'Islam politique a montré ses limites. Le MSP ne jouit plus de la sympathie de la masse des électeurs. Le parti de Djaballah est miné par des querelles intestines et En Nahda, depuis le départ de Djaballah, n'est que l'ombre de lui-même. Les islamistes repentis n'ont jamais cessé de revendiquer le droit à l'activité politique. Ils sont certes, les premiers responsables de la tragédie nationale mais ils soutiennent ne pas être les seuls. D'autres acteurs ont tout fait ou n'ont, plutôt, rien fait pour éviter au pays d'entrer dans le cercle infernal de la violence terroriste. Les témoignages apportés par les anciennes figures ayant dirigé le pays durant la crise du début des années 90, dont ceux de Belaïd Abdesselam, sont révélateurs. La question de la participation des repentis à la résolution de la crise politique en Algérie est une piste qui sera tôt ou tard sera explorée. D'autant plus que ces derniers ont montré leur volonté de remédier aux conséquences néfastes nées de leurs agissements. Faut-il pour autant les croire sur parole? Les mécanismes juridiques et institutionnels sont justement faits pour être des garde- fous afin de contrer toute déviation. La problématique mérite au moins d'être posée avec courage et sans démagogie. L'ANP est le premier garant des engagements pris par les postulants au retour au jeu démocratique. Cette institution reste la seule capable d'amarrer le pays aux rivages de la paix durable. L'exemple de la Turquie est là pour nous le faire rappeler. La démocratie à l'ombre de l'Islam et non pas de l'islamisme est une solution qui a fait ses preuves en terre d'Islam.