De septembre 2009 à février 2010, les services de sécurité, tous corps confondus, ont saisi plus de 36 millions de pétards. Les importateurs ont approvisionné les grossistes pour la double circonstance, à savoir les matches de l'équipe nationale et Mawlid Ennabaoui Echarif. Ils ont profité pour inonder un marché très demandeur. L'Etat algérien fait face, chaque année, à ce dangereux phénomène sans pour autant débusquer les gros bonnets de cette juteuse filière et les traduire devant la justice. La filière des produits pyrotechniques continue de sévir. Basés en Chine et à Dubaï, les gros fournisseurs et autres exportateurs bénéficient de largesses dans les ports internationaux pour acheminer des quantités astronomiques de pétards, dont des nouvelles générations de produits explosifs, comme les “bombes” les “feux d'artifice” ou encore les “grenades”, actuellement en vente sur les trottoirs de nos villes, douars, villages, quartiers et cités. Plus de 11 millions d'unités saisies par la Gendarmerie nationale, en cinq mois, 22 autres millions découverts par la police dans un dépôt à El-Hamiz (Alger) et 3 autres millions récupérés par les services des Douanes algériennes. La mafia des pétards mine, chaque année, l'Algérie, sans que la loi, toute la loi, ne soit appliquée afin de traduire en justice les gros bonnets de ce business explosif. Se limitant aux dispositifs répressifs et aux saisies, notre pays est devenu un fourre-tout d'une filière aux multiples ramifications nationales et internationales. Pourtant, les dispositifs de contrôle des flux commerciaux ont été renforcés au niveau de tous les ports d'Algérie. Mais le paradoxe est là : les pétards se vendent au vu et au su de tout le monde et dans toutes les régions du pays. Peu importe le prix, les Algériens dépensent, en moyenne, entre 400 et 4 000 DA pour se procurer ces explosifs et autres gadgets mortels. Prohibés par la législation algérienne (articles 10, 11 et 12 de la loi de décembre 2006), ces produits ont pourtant, dans un passé récent, montré leur dangerosité sur la sécurité publique, la santé du citoyen et, mieux, leur impact néfaste et leur préjudice sur l'économie nationale. Les contrebandiers qui introduisent frauduleusement ces pétards et explosifs, une fois la marchandise récupérée des ports, s'organisent à travers des réseaux de distribution pour inonder un marché très demandeur, notamment à l'approche des fêtes religieuses ou autres évènements footballistiques. Jamais les services compétents n'ont fait part d'un procès pour exemple ou spécifique lié aux trafiquants de produits pyrotechniques dans notre pays, sinon de quelques sanctions sévères contre les contrevenants. Il est vrai que la lutte contre ce fléau donne ses fruits au quotidien sur le plan répressif. La preuve par les chiffres, les gendarmes ont saisi, durant les trois semaines du mois de février, plus de 700 000 unités sur les axes routiers, alors que les services de la Sûreté nationale ont, eux aussi, sévi dans les grandes agglomérations en traquant les receleurs, notamment à Alger où plus de 1 000 cartons de pétards de différents calibres ont été saisis. Florissant d'année en année, ce marché trouve sa raison d'être dans des complicités, sans plus. Sinon comment expliquer, à chaque évènement, la réapparition d'aussi impressionnantes quantités de produits pyrotechniques sur notre marché, sachant que les contrebandiers recourent à de gros moyens de convoyage, dont des semi-remorques à containers et de hangars exclusivement réservés au stockage de ces marchandises ? Mieux, pourquoi les enquêtes diligentées après les sinistres enregistrés dans nos villes et villages (blessés et incendies de voitures, de maisons et de locaux commerciaux) n'aboutissent pas à identifier les importateurs et les traduire devant la justice ? Des questions qui ne trouvent pas encore de réponse tant que l'Etat se limite aux seuls constats des saisies, des dégâts et du deuil qu'engendrent, à chaque fête, ces millions de pétards. La vigilance étant de mise, bonne fête quand même !