Alors que Malek Bensmaïl, faisait son entrée «non censurée» dans le paysage cinématographique sur les Hauts-Plateaux de la capitale, un autre réalisateur, Karim Miské, faisait la présentation dans un centre culturel à Alger. Il était venu présenter sa série: les Juifs & Musulmans... si loin si proches, produit par Arte. Après la fin de projection de la série de 52 mn, à la qualité artistique et technique indéniable, les films cachaient mal la vision tronquée du réalisateur qui était mal à l'aise pour défendre son sujet face à une assistance franco-algérienne très au fait du sujet sensible et des rapports entre les musulmans et les juifs. Le réalisateur Karim Miské, fils du diplomate Baba Aïssa Miské, qui est né à Adrar et qui était un membre du Polisario, a totalement zappé l'implication d'Ariel Sharon dans les massacres de Sabra et Chatila. Il a déclaré notamment: «Officiellement, il n'y a aucune preuve de l'implication d'Ariel Sharon dans les massacres de Sabra et Chatila. Le massacre a été commis par les phalangistes chrétiens», a-t-il ajouté. Et pourtant, la commission israélienne Kahan, avait établi, qu'en tant que ministre de la Défense durant l'intervention militaire israélienne au Liban de 1982, Ariel Sharon était un acteur «indirect» des massacres de civils palestiniens par des chrétiens libanais dans les camps de Sabra et Chatila. C'est lui qui avait donné l'ordre à ses troupes qui encerclaient les camps palestiniens de laisser passer les milices chrétiennes et leur donner un alibi de taille: venger l'assassinat du président libanais et leader des maronites, Bachir Gemayel. Cette implication des forces israéliennes a été mise en images dans le film d'animation israélien Valse pour Bashir, qui a inspiré le réalisateur pour utiliser l'animation afin d'illustrer les images du passé. Mais Karim Miské n'est pas à sa seule omission politique. Dans une pure manipulation de l'histoire et des faits, le réalisateur qui, visiblement a choisi le camp d'un lobby puissant, a présenté le mufti de Jérusalem Amin, al-Husseini, comme le «nazi» de la nation musulmane pour avoir rencontré Adolf Hitler et demander son soutien pour protéger les nations arabes. Le réalisateur franco-mauritanien a zappé, en revanche, le geste noble du recteur de la mosquée de Paris, Si Kaddour Benghabrit qui avait sauvé la vie d'une centaine de juifs, dont celle du chanteur algérien Salim Hilali, en leur octroyant des certificats d'identité musulmane qui leur permirent d'échapper à l'arrestation et à la déportation. A ce fait historique, le réalisateur dira amusé: «Il n'y a aucune preuve que des juifs ont été sauvés par le recteur de la Mosquée de Paris, seul un enfant et le chanteur Hilali, ont témoigné pour ça.» Une grave omission historique venant d'un réalisateur qui se décrédibilise alors qu'un film Les Hommes libres d'Ismaël Ferroukhi, a été réalisé en 2011 avait justement présenté la preuve de la cohabitation des juifs et des musulmans dans les moments les plus durs de l'histoire contemporaine. Après la manipulation médiatique initiée par son documentaire Musulmans de France, pour stopper l'émergence d'une conscience musulmane en France, le mauritanien Karim Miské, dont le pays est le premier Etat musulman à avoir établi des relations diplomatiques avec Israël, nous a présenté avec les Juifs et Musulmans... si loin si proches, un authentique produit de propagande digne de l'école Goebbels. [email protected]