Ariel Sharon est un sioniste. Né en 1928 (un an plus tôt qu?Arafat), il a rejoint les rangs de la Haganagh (un des trois groupes armés juifs) en 1945, il a participé à toutes les guerres d?Israël, mais il est surtout connu pour son implication en 1982 dans le massacre de Sabra et Chatila au Liban alors qu?il était ministre de la Défense. Deux jours après l?assassinat de Bashir Gemayel, l?armée israélienne permettait aux Phalanges chrétiennes de nettoyer, de leurs «terroristes», les camps de réfugiés de Sabra et Chatila à Beyrouth Ouest. Elles y ont fait 800 victimes, parmi lesquelles des femmes et des enfants. Cet incident a d?ailleurs entraîné la démission de Sharon. En 1982, celui-ci avait déclaré à une journaliste italienne que la Cisjordanie appartenait à Israël et qu?il n?était nullement question d?y permettre la création d?un Etat palestinien. Sharon a aussi été directement impliqué dans des opérations de démolition, de ratissage et de déportation de Palestiniens, avant l?intervention au Liban. Les événements récents en Palestine ne font que démontrer que Sharon est toujours fidèle à lui-même. Alors si Sharon est sioniste, de quoi s?agit-il au juste ? Le sionisme est en quelque sorte l?expression d?un nationalisme religieux juif résultant de plusieurs siècles de persécutions des juifs, en particulier dans des pays comme l?Espagne et l?Europe contrôlée par les nazis, mais aussi en Russie et ailleurs. Le mouvement sioniste a été officiellement créé en 1897 pour rassembler les juifs dans un Etat. L?Argentine avait été évoquée à l?époque, mais le choix s?est arrêté sur la «Terre promise au peuple élu», c?est-à-dire le territoire occupé initialement par les 12 tribus bibliques, soit la Palestine et une partie de la Jordanie, de l?Egypte et du Liban actuels. Dès 1878, une première communauté juive s?est établie en Palestine. L?émigration s?est amplifiée et en 1895 la Palestine comptait 47 000 juifs sur une population de 500 000. En 1947, la résolution de l?ONU sur la partition de la Palestine accordait 53% du territoire à 30% d?une population (quelque 600 000 habitants sur un total de 1,9 million) qui n?en possédait que 8%. Aujourd?hui, ils sont environ cinq millions, ce qui correspondrait, selon le gouvernement israélien, à 37% des juifs à travers le monde ; 20% de la population d?Israël est non juive. Le 12 mai dernier, le Likoud, parti du Premier ministre Ariel Sharon, l?a bien rappelé en votant contre la création d?un Etat palestinien puisque ces territoires doivent être réservés à la colonisation juive. Une cascade de plaintes Le 1er juin, un comité de ressortissants palestiniens, libanais, marocains et belges, se constitue partie civile contre Ariel Sharon pour génocide. Le 18 juin 2001, une seconde plainte est déposée contre Ariel Sharon et d?«autres responsables israéliens et libanais des massacres, tueries, viols et disparitions de populations civiles qui ont eu lieu à Beyrouth du jeudi 16 au samedi 18 septembre 1982 dans la région des camps de Sabra et Chatila», pour génocide, crimes contre l?humanité et crimes de guerre. Les parties civiles comprennent 23 victimes et 5 témoins. C?est sur cette seconde plainte que le parquet de Bruxelles a requis la recevabilité.