Le Soudan du Sud est ravagé depuis le 15 décembre par des combats opposant les forces loyales au président Salva Kiir à des troupes fidèles à l'ex-vice-président Riek Machar, limogé en juillet. Le gouvernement du Soudan du Sud a accusé hier les rebelles d'avoir violé le cessez-le-feu censé mettre fin au conflit dans le jeune pays, moins de 24 heures après son entrée en vigueur. «Ce matin, j'ai été informé que les forces rebelles ont continué d'attaquer nos forces», a affirmé à la presse le ministre de l'Information Michael Makuei. «Nos forces vont devoir se défendre», a souligné le ministre, réaffirmant cependant la volonté du gouvernement sud-soudanais d'essayer de respecter la cessation des hostilités. «Ce n'est pas vraiment surprenant, ce sont des rebelles et les rebelles sont par nature des gens indisciplinés, ils n'ont pas de forces régulières, de commandement centralisé», a estimé le ministre Makuei. Aucun responsable rebelle n'était joignable hier à la mi-journée pour commenter ces déclarations. Le cessez-le-feu, signé jeudi à Addis-Abeba, était entré en vigueur vendredi à 17H30 GMT, après la tombée de la nuit. L'ONU avait fait état de «combats sporadiques» en fin de journée vendredi. A quelques heures de la trêve, les rebelles ont affirmé avoir été attaqués vendredi par l'armée gouvernementale, qui a nié. Selon un porte-parole rebelle, Lul Ruai Koang, l'armée gouvernementale, soutenue par des soldats ougandais et des éléments d'un groupe rebelle du Darfour (JEM) venus du Soudan voisin, ont attaqué peu avant le cessez-le-feu leurs positions dans l'Etat pétrolier d'Unité (nord), et dans l'Etat de Jonglei (nord-est). Selon le porte-parole de l'armée gouvernementale Philip Aguer, ce sont au contraire les rebelles qui ont pris d'assaut des positions gouvernementales à Jonglei mais ont été repoussés, et les combats ont pris fin avant le cessez-le-feu. Aux premières heures du lever du jour hier, M. Aguer avait indiqué que la situation était calme et donc le cessez-le-feu globalement respecté. Le Soudan du Sud est ravagé depuis le 15 décembre par des combats opposant les forces loyales au président Salva Kiir à des troupes fidèles à l'ex-vice-président Riek Machar, limogé en juillet. Le conflit a fait des milliers de morts - peut-être 10.000 selon des observateurs - et environ 700.000 déplacés. Quelque 76.000 civils sont désormais réfugiés sur des bases de l'ONU dans le pays en raison du conflit. Après trois semaines de laborieux pourparlers à Addis-Abeba sous la médiation de l'organisation régionale Igad - qui regroupe des pays d'Afrique de l'est - les deux camps ont finalement signé jeudi soir un cessez-le-feu qui devait entrer en vigueur sous 24 heures. Selon des diplomates africains, l'Igad doit organiser la semaine prochaine d'autres réunions à propos du cessez-le-feu, notamment sur la manière d'en surveiller l'application. «Il est crucial que les deux parties appliquent complètement et immédiatement l'accord sur la fin des hostilités», a souligné vendredi soir un porte-parole des Nations Unies, Farhan Haq. Il a précisé que l'ONU était prête à apporter une «aide essentielle» au contrôle du cessez-le-feu. Les deux parties ont affirmé vouloir respecter la cessation des hostilités, mais ont dit chacune douter des capacités du camp adverse de contrôler leurs forces sur le terrain.