Le Gspc, principal groupe actif dans le pays, se serait scindé en groupuscules d'une rare virulence. Jour après jour, les rumeurs sur les redditions de dizaines de terroristes islamistes ne cessent de se confirmer. La promesse, portant réconciliation nationale, applaudie des deux mains par les anciens activistes de l'AIS n'y est pas étrangère. Les dirigeants de cette aile armée, Mezrag, Kertali et Benaïcha auraient ainsi joué un rôle très actif en facilitant les contacts entre les autorités et les maquis encore actifs dans le pays. Dans un premier temps, soulignent les premiers témoignages, des tentes auraient été plantées à Jijel et Aïn Defla en vue de recevoir les femmes et les enfants des terroristes désirant se rendre. De nombreuses formalités civiles sont rendues nécessaires, dans le but d'inscrire les enfants nés dans les maquis, mais aussi d'enregistrer les mariages qui se sont déroulés dans les mêmes conditions. Le Gspc, qui reste le principal groupe armé encore en activité, capable de porter des coups sévères aux services de sécurité, comme il s'en produit régulièrement en Kabylie et dans certaines régions de l'est du pays, serait fort de plus de 500 hommes. Les redditions qui seraient en train de s'opérer dans ses rangs ne concerneraient pas ses «éléments d'élite» puisqu'on n'évoque pas un seul cas en la Kabylie, fief redoutable de Hassan Hattab. Mais nul ne peut jurer que ce dernier, qui aimait signer des communiqués diffusés par Al Hayat, est encore en vie alors qu'il a cessé de s'exprimer depuis plusieurs mois. Le Gspc, issu d'une dissidence avec le GIA depuis septembre 1998 en signe de protestation contre les massacres, se serait scindé en groupuscules extrêmement actifs et mobiles, écumant les maquis de l'est et du centre du pays. Les activistes d'El Para, qui avaient défrayé la chronique l'année passée avec l'affaire des touristes enlevés dans le Sud algérien, ont subi une traque sans merci qui en a décimé le plus gros des troupes, même si ces phalanges du Gspc peuvent encore garder un important pouvoir de nuisance. Celui-ci est généré par l'importante somme d'argent qui leur a été versée par les autorités allemandes, mais aussi par le fait qu'Al-Qaîda semble avoir opté pour le Sahel africain et le Grand Sud algérien pour se redéployer, à la suite des véritables saignées essuyées en Afghanistan, au Pakistan et au Soudan. Ces éléments, généralement bien entraînés et équipés, ne seraient pas très enclins à se rendre, d'autant que jusqu'à présent aucune information fiable n'a fait état de la reddition d'un seul élément aussi bien en Kabylie que dans les wilayas du Grand Sud algérien. On évoque une rencontre qui aurait eu lieu depuis peu entre l'émir Abdelkader Souane, responsable du Gspd et des officiers représentant la première région militaire. Souane, qui serait à la tête de quelque 40 éléments armés, écume les monts Boughar, qui font face à Ksar El Boukhari et Aïn-Defla. Mais ce groupe ne semble être que la face émergée d'une importante organisation, le HDS, que dirige Mohamed Benslim, alias Salim El Afghani et dont le PC serait situé sur les hauteurs de Médéa. Il a à ses côtés un redoutable conseiller, Abou El Assouad, un Soudanais qui fit partie de la garde rapprochée de Ben Laden. Les estimations les plus pessimistes, que fournissent les services de sécurité, estiment que le HDS est fort d'à peine 200 ou 300 hommes. Le hic c'est que pas une seule reddition n'est signalée au niveau de Médéa, fief de ce groupe. Cela explique, également, pourquoi une protection accrue entoure les tentes des familles des terroristes désirant se rendre. C'est pour les protéger contre la vengeance de leurs acolytes et anciens responsables, loin d'être d'accords avec la démarche. Dans le même temps, Souane, qui craint que la vengeance ne vienne d'autre part, a demandé plus de garanties, à travers le traitement au cas par cas de chacun de ses éléments, mais aussi le désarmement des GLD et des patriotes. Le plus curieux dans ces affaires, c'est qu'aucune des informations qui ont filtré jusqu'à présent n'a fait état du GIA, ni de la position qu'adopte ce groupe par rapport à cette nouvelle dynamique. Il est vrai que les rapports dressés par les services de sécurité indiquent que ce groupe, jadis très puissant, est réduit à quelques bandes clairsemées et réduites à chaparder dans les champs des cultivateurs pour survivre. Auteurs des terribles massacres qui avaient endeuillé le pays durant les années 1997 et 1998, il semble que les survivants du GIA tentent de se faire oublier en profitant de cette reddition pour rejoindre le bercail sans tambour ni flonflon sous le couvert de n'importe quelle appellation.