Donné partant avec insistance, il a finalement gardé son portefeuille. «C'est le choix de la continuité», commentent les observateurs du paysage politique national au lendemain de sa reconduction. Du coup, l'on s'attend à moins de brouhaha aux portes du département de l'Intérieur compte tenu des décisions irréversibles de celui qui n'a jamais fléchi sous le fait des critiques, aussi acerbes fussent-elles. Les premières constatations à en tirer, c'est la clôture définitive des dossiers de Wafa de Taleb El Ibrahimi et le Front démocratique (FD) de Sid-Ahmed Ghozali. Il est tout à fait clair que Zerhouni n'acceptera aucun recours de la part des deux grands perdants de la dernière présidentielle après avoir exclu «le retour du FIS dissous» concernant le premier et l'agrément «d'un parti ne remplissant pas toutes les exigences requises» s'agissant du second. Dans cette optique, l'homme de confiance du président de la République, fera face à un dilemme de taille : l'UDR d'Amara Benyounès vient de tomber comme un cheveu dans la soupe. Le transfuge du RCD qui a soutenu opiniâtrement la candidature de Bouteflika ne pourra pas être débouté, tant que sa raison d'être est d'appuyer la démarche du président. Ce qui ne manquera pas de constituer un argumentaire recevable pour Taleb et Ghozali en vue de crier à une «ségrégation d'Etat». «Une autre de plus», renchériraient d'autres. Hormis cette controverse, le ministre de l'Intérieur, depuis sa nomination, a toujours maîtrisé, ou du moins assumé, les contestations directement liées à son département. A cet effet, il y a lieu de signaler la résistance de fer dont il a fait montre pendant la protesta de Kabylie. Les morts, les saccages, les marches grandioses ne l'ont pas empêché de s'afficher en public et de dire haut et fort qu'il a une «version des faits» à défendre. Les émeutes qui s'en sont suivies un peu partout à travers le territoire national ont été jugulées, tant bien que mal, grâce, il faut le reconnaître, à la rigueur de Zerhouni. L'air impassible et le verbe piquant, Zerhouni a servi de rampe de lancement pour le chef de l'Etat à chaque fois qu'une «affaire scabreuse» a touché les hautes sphères de l'Etat. Les déplacements de Bouteflika d'avant la campagne électorale, ont été émaillé de points de presse de Zerhouni où il a été question d'affronter les assauts médiatiques les plus acharnés. Ce que la majorité de ses pairs n'ont pas eu l'outrecuidance de faire, à l'image du ministre de la Justice, qui n'a point jugé utile de communiquer au moment même où son ministère a été la cible de violentes diatribes. Il n'y a donc aucune surprise à voir Bouteflika renouveler sa confiance en celui qui a su maintenir l'équilibre d'un portefeuille ministériel névralgique en dépit de toutes les adversités.