L'Algérie sera condamnée à attendre jusqu'à 2005 pour permettre aux parlements des 10 nouveaux membres de ratifier l'accord. L'élargissement de l'Union européenne, qui passera de 15 à 25 membres le 1er mai prochain, risque de retarder sérieusement la mise en oeuvre de l'accord d'association entre l'Algérie et l'UE. C'est ce qu'a laissé entendre M. Lucio Guerrato, le chef de la délégation européenne en Algérie, dans une conférence de presse qu'il a animée hier à l'hôtel El Djazaïr. «J'ai appris, au niveau de la Commission européenne à Bruxelles, que les juristes s'attellent à trouver une base juridique permettant de rendre ledit accord un acquis communautaire.» Dans ce cas précis, l'accord sera applicable après sa ratification par les parlements des 15 Etats membres. «Une procédure qui sera finalisée au courant de cette année» précise M.l'ambassadeur. Dans le cas contraire, c'est-à-dire, si les juristes échouent dans leur tentative, l'Algérie sera condamnée à attendre jusqu'à 2005 pour permettre aux parlements des 10 nouveaux membres de ratifier l'accord. Déjà largement en retard par rapport aux pays voisins, l'Algérie s'est engagée notons-le, ces dernières années à donner un coup de force à ce dossier afin de rattraper le temps perdu. Les négociations de l'accord d'association, entamées en mars 1997, ont repris en avril 2000. Après 18 rounds de négociations, l'accord a été paraphé le 19 décembre 2001 et signé finalement le 22 avril 2002 à Valence. A l'époque, l'Algérie avait négocié avec les 15 pays membres de l'UE. De ces quinze pays, M.Lucio Guerrato a précisé hier que «sept ont déjà ratifié cet accord». Il s'agit de la Belgique, la France, la Suède, la Grande-Bretagne, l'Irlande et l'Allemagne. Sur un autre sujet, le chef de la délégation européenne estime que pour l'Union européenne, «la stabilité politique et économique de Algérie est importante à plus d'un titre». On est loin, aujourd'hui, à en croire les déclarations de M.Guerrato, du climat de tension et de suspicion entre les deux parties, algérienne et européenne. La réélection du président Bouteflika, et la reconduction du gouvernement ne peuvent que renforcer les engagements de l'Algérie à l'égard de la Communauté européenne. «C'est très positif», précise le conférencier.Ce dernier ajoute, «Nous ne pouvons pas oublier que c'est sous le règne de Bouteflika que les négociations ont repris, et qu'avant lui, les gouvernements ne prêtaient pas une attention particulière à cet accord». M.Lucio Guerrato revient sur la ratification de l'accord d'association, et estime que «les procédures et instruments nécessaires pour son application seront mis en place progressivement». Il est à préciser que dans le cadre de la mise en oeuvre du vaste programme de coopération entre l'Algérie et l'Union européenne, notre pays a bénéficié du financement des programmes Meda 1 et Meda 2. Ces derniers ont pour objectif de soutenir la réforme des structures économiques et sociales des pays méditerranéens, en vue de la création, en 2010, de la vaste zone de libre-échange prévue par le partenariat. La Banque européenne participe également au financement. Ainsi, depuis 1996, ses engagements ont atteint un montant de 1079 milliards d'euros. Quel impact aura cet élargissement sur la rive sud de la Méditerranée ? Le chef de la délégation européenne estime que la coopération sera intensifiée. A noter, dans ce cadre, que la Commission européenne a proposé en 2003 une communication qui programme, pour la prochaine décennie, un nouveau cadre pour les relations de l'Union avec ses voisins de l'est et de la rive du sud de la Méditerranée. En quoi consiste cette nouvelle approche? Dans une première phase transitoire (2004-2006), l'objectif sera axé sur la consolidation des progrès accomplis dans la coordination des différents instruments existants. L'après-2006 verra l'introduction d'un nouvel instrument de voisinage associant des actions concrètes de coopération transfrontalière et régionale dans les régions limitrophes de la frontière extérieure.