Assiégée depuis trois semaines, Falloujah résiste toujours alors que l'armée américaine a employé mardi l'aviation contre la forteresse sunnite. Les marines américains sont passés à l'action mardi soir à Falloujah et près de Najaf, mettant en branle de véritables expéditions de guerre contre ces deux villes «rebelles» sunnites et chiites usant de moyens lourds pour tenter de faire tomber les forteresses sunnite et chiite. A Falloujah, les marines ont bombardé, dans des raids de l'aviation, les positions des résistants et guérilleros irakiens. Hier le bilan des pertes à Falloujah restait inconnu, alors que l'on a dénombré 63 morts à Najaf lors de combats ayant opposé les marines aux miliciens de Moqtada Sadr. Justifiant l'utilisation de moyens de guerre lourds, un porte-parole de l'armée américaine à Falloujah a indiqué que «les marines, qui ont été attaqués à l'arme automatique et à la roquette antichar, ont fait appel à un soutien aérien pour frapper un véhicule transportant des armes et des hommes». Ainsi, face aux armes automatiques, c'est-à-dire des armes légères et des roquettes les soldats américains répliquent par l'usage de bombardiers AC-130 et des hélicoptères de combat. En réalité, malgré leur puissance de feu, les marines, qui assiègent Falloujah depuis maintenant plus de trois semaines, n'arrivent cependant pas à déloger les résistants sunnites de cette ville fortifiée, à moins que les forces américaines d'occupation soient prêtes à un génocide pour venir à bout de la ville rebelle. C'est le même cas de figure qui se pose à Najaf, également assiégée depuis le début du mois d'avril, après que le chef chiite radical, Moqtada Sadr s'y soit réfugié, abandonnant son fief de Koufa, où des combats ont fait rage dans la nuit de lundi à mardi. La coalition, et singulièrement les Américains, font face à une résistance de mieux en mieux organisée, pugnace et déterminée. Face à une situation qui ne cesse de se détériorer, alors que la résistance se montre chaque jour mieux organisée, les autorités militaires américaines songent de plus en plus à faire venir en Irak des blindés lourds. Autrement dit, devant des conditions de guerre qu'ils n'arrivent pas à maîtriser, les officiels militaires envisagent de renforcer leur armement de guerre qui est déjà impressionnant. En fait, l'armée américaine d'occupation s'enfonce graduellement dans une situation qui, si elle n'est pas encore le Vietnam, n'en est pas loin cependant, d'autant plus que le bourbier irakien se précise chaque jour un peu plus. Hier, à Najaf, un responsable chiite proche de Moqtada Sadr, Houssam Moussaoui, a affirmé que la riposte sera «violente» indiquant : «Notre riposte sera violente et personne ne saura la prévenir», condamnant par ailleurs l'installation par l'armée américaine d'un point de contrôle entre Najaf et Koufa, il estime que c'est là une «provocation» de la part des forces US. De fait, la situation est devenue tellement instable que l'envoyé spécial de l'ONU en Irak, Lakhdar Brahimi, qui présentait mardi soir au Conseil de sécurité, un scénario de transfert du pouvoir aux Irakiens, a consacré une bonne partie de son intervention à la situation sur le terrain, mettant en garde les Etats-Unis contre les violents combats à Falloujah et dans le centre de l'Irak (Najaf et Koufa) estimant qu'à long terme, il y a «risque d'une incapacité à trouver une solution pacifique». Il est vrai que les combats de ces derniers jours ont éclipsé et pris le pas sur les efforts en vue de réaliser le transfert - dans de bonnes conditions - de souveraineté à l'Irak. Présentant ses recommandations aux 15 membres du Conseil de sécurité, Lakhdar Brahimi, espérant que le gouvernement intérimaire serait choisi avant la fin du mois de mai a indiqué : «Idéalement, les Irakiens devraient choisir ce gouvernement, ils savent qui est et qui n'est pas honnête et qualifié» ajoutant : «Même si cela ne sera sans doute pas facile, nous croyons qu'il est possible d'identifier, d'ici la fin mai, un groupe de personnes respectées et acceptables aux yeux des Irakiens». M.Brahimi a également proposé l'organisation, au mois de juillet prochain, d'une conférence nationale en Irak au cours de laquelle seront étudiés les «grands enjeux nationaux». Dans une déclaration présidentielle, le Conseil de sécurité a approuvé, mardi, l'ensemble des propositions pour l'Irak faites par le diplomate algérien.