Les lignes Challe et Morice ont affecté sérieusement l'action de l'Armée de libération nationale (ALN), pendant la guerre de Libération nationale, sans pour autant atteindre sa détermination puisque, selon les statistiques des forces coloniales, «une moyenne de trois tentatives de passage des frontières (Est et Ouest) par nuit a été enregistrée», a indiqué hier à Alger l'historien, Madini Bachir. «Les deux lignes érigées par la France coloniale le long des frontières Est et Ouest du pays, pour empêcher notamment le transport des armes aux moudjahidine, ont affecté les actions armées de l'ALN, mais, n'ont point découragé les moudjahidine», a affirmé le docteur en histoire, lors du forum de la mémoire organisé par Machaâl Echahid et le quotidien El Moudjahid. «Un nombre de 240 tentatives de passage à travers les frontières ont été recensées par les Français en quatre mois», a-t-il poursuivi, soit, selon lui, «une moyenne de trois tentatives par nuit». Les lignes Challe et Morice constituent un ensemble de réseaux parallèles de fils électriques et de barbelés de différentes formes, dotées de moyens d'extermination dont des mines antipersonnel et des haies électriques, mises en place afin d'isoler les moudjahidine de leurs bases à l'étranger qui leur servaient pour l'entraînement et l'approvisionnement en armes. Elles couraient le long des frontières entre l'Algérie et les deux pays voisins, le Maroc et la Tunisie. La première, la ligne Morice, du nom du ministre de la Défense André Morice, rappelle-t-on, s'étend de Annaba à Negrine sur 450 km, à l'Ouest, elle va de Ghazaouet à Béchar sur 750 km. La ligne Challe qui porte le nom de son concepteur Maurice Challe, commandant des forces françaises en Algérie a été édifiée pour conforter la première. «C'était un modèle exceptionnel en son genre que je qualifie de lignes d'enfer qui n'ont leur semblable qu'en Israël, ́ ́la ligne Barlev ́ ́», a ajouté M. Madini qui précise que les forces coloniales avaient mobilisé 50.000 soldats à l'Est et autant à l'Ouest dans les postes de surveillance. Par ailleurs, les moudjahidine, à l'instar de Mohamed Bousmaha, Mohamed Gunifed et Abdelmadjid Azzi ont apporté leurs témoignages pour évoquer leurs camarades de combat, relevant que «rares sont ceux qui en sont revenus». «Je peux parler de la wilaya III historique dont je faisais partie. La première opération avait commencé en janvier 1957 et la dernière en juin 1959. Il y a en tout 14 katibate dont la moitié des membres n'est pas revenue», a noté M. Azzi. La rencontre consacrée aux victimes des lignes Morice et Challe se veut également un hommage aux martyrs sans sépulture, qui sont tombés au champ d'honneur en bravant le danger des lignes électrifiées, parsemées de mines.