L'association Mechaâl Echahid a rendu, hier, au forum d'El Moudjahid, un hommage aux « martyrs sans tombes », tombés au champ d'honneur tout au long des lignes Morice et Challe, mises en place par l'armée française afin « d'isoler » la révolution de ses bases arrières au Maroc et en Tunisie. « Ces lignes infernales de la mort ont été érigées à partir de juillet 1957 », a rappelé le docteur Bachir Madini, professeur d'histoire à l'Université d'Alger III-Bouzaréah. Constituées de barbelés électrifiés et minées, elles étaient surveillées en permanence. Cependant, malgré le danger qui les guettait, les moudjahidine traversaient les frontières dans les deux sens, au péril de leur vie, pour acheminer les armes à partir des pays voisins vers les maquis algériens. M. Madini a fait savoir, à cet effet, que la ligne Morice est l'œuvre d'André Morice, ministre français de la Défense à l'époque. Ce dernier détenait une usine de produits ferreux, ce qui l'a poussé à songer à ce plan « diabolique » qui a coûté la vie à des dizaines de combattants. La ligne Morice courait le long de la frontière entre l'Algérie et la Tunisie sur 460 km. La ligne Challe, d'une longueur de 700 km, surveillée par 140.000 soldats français, a fait également des victimes le long de la frontière algéro-marocaine. La tension électrique des fils barbelés dépassait le seuil des 13.000 volts. Cependant, la détermination des moudjahidine fut plus forte. Preuve en est, en quatre mois, ils ont procédé à 240 opérations armées, affirme le docteur Madini. Grâce à leur « génie », les combattants algériens ont fabriqué des outils, avec lesquels ils ont pu couper les fils électriques. Les forces coloniales françaises ont été complètement déstabilisées. « Ce qui a causé d'ailleurs la chute de plusieurs gouvernements à l'époque avant de faire appel au général Charles de Gaulle pour trouver une solution aux problèmes frontaliers », conclut-il. C'est l'une de ces expéditions périlleuses que racontent des moudjahidine invités à l'occasion, dont Mohamed Bousmaha, Mohamed Guenifed, Abdelmadjid Azzi et si Tahar et Abbdellah. Bousmaha a fait savoir que les combattants étaient à un certain moment à court de munitions, puisqu'ils étaient dotés d'armes allemandes et britanniques utilisées durant la Seconde Guerre mondiale ou de fusils de chasse. Il a affirmé que la majorité des moudjahidine n'échappaient pas à la mort.