«Tout comme le 5 octobre 1988 et le début des années 1990, le glissement vers une rupture violente risque de survenir.» À deux mois de la présidentielle d'avril 2014, le MSP appelle à l'ouverture du dialogue avec la classe politique autour de «la transition pacifique au pouvoir avant qu'il ne soit trop tard». «Nous appelons au dialogue national sans exclusive car la crise qui secoue le pays est à la fois profonde et dangereuse», a déclaré, hier à Alger, le chef du MSP, Abderrezak Makri en marge de la rencontre de son bureau politique avec les responsables locaux chargés de la jeunesse et du mouvement associatif. Car, annonce-t-il, «tout comme en 5 octobre 1988 et le début des années 1990, la cassure et le glissement vers une rupture violente risquent de survenir à défaut du consensus entre les antagonismes aux sommet de l' Etat». Auparavant, «le conflit se cristallise entre l'armée et la présidence, mais aujourd'hui, le conflit se matérialise entre l'état-major et le DRS», fait-il savoir. La classe politique ne peut pas «rester en marge, elle veut être partie prenante et témoin de ces tractations, négociations en situation conflictuelle au sommet pour garantir le transfert pacifique et sûr de la transition en Algérie». «Garantir notamment la stabilité durable et ne pas opter pour le partage du pouvoir», ajoute-t-il. Il s'agit d'impliquer «les partis politiques dans la transition pacifique au pouvoir», précise-t-il. Dans sa lecture de la conjoncture politique, il soulignera que «souvent, quand il y a absence de consensus entre les parties en conflit, on reporte les négociations pour actionner les cercles proches ou les appendices du pouvoir qui peuvent être des appareils politiques, des syndicats et même des entreprises avant de répercuter les rivalités sur la place publique». Après avoir plaider pour l'éloignement de l'armée de la chose politique et rappelé les limites de son rôle définies par la Constitution, Makri a appelé à «la sauvegarde du pacte national et à se référer à la seule légitimité rationnelle». Pour Makri, «les déclarations de hauts responsables à l'image de Saâdani et le général Benhadid relatives à la fraude électorale, est une preuve éclatante que le MSP a été spolié de sa victoire à la présidentielle de 1995». «Le conflit et manoeuvres autour du pouvoir ont carrément effacé le débat de fond et caché des crises et les tares très graves du régime», dira-t-il. «L'éventail islamiste, instrumentalisé à chaque fois pour faire peur aux Algériens n'est pas à l'ordre du jour car tous les partis de cette obédience ont opté pour le boycott de l'élection présidentielle», dixit Makri. Les islamistes ne participent pas à cette mascarade, notamment concernant le MSP qui a su auparavant et pertinemment souligné que cette élection n'est qu'«une opportunité pour le changement».Makri note que «cette échéance se transforme jour après jour en un véritable péril pour le pays». Aujourd'hui, souligne-t-il «le danger vers lequel court l'Algérie est incarné par le régime lui-même qui tend à déstabiliser profondément le pays». Dans son réquisitoire, il indique que dans le but de ne pas rendre compte ou ne pas présenter les bilans et donner la chance à la vraie concurrence politique de s'exprimer autour des programmes et des idées, «les tenants du pouvoir recourent à la politique de la terreur, un procédé facile et condamnable et indigne d'aucuns méritent pour s'y maintenir». La concurrence pour la succession au pouvoir se déroule, «depuis l'indépendance, en dehors du cercle des partis politiques». De même, soutient-il «l'exercice du pouvoir ne se fait ni au niveau du Parlement ni au sein du gouvernement, encore moins au niveau des assemblées locales car tout se mijote au sommet», fait-il savoir. Aux yeux de Makri, le conflit n'est probablement qu'un écran de fumée. Ainsi, il n'écarte pas le fait que «les parties en conflit finissent comme toujours par trouver un terrain d'entente et ce, après avoir effrayé tout le monde et jeté la panique et la terreur sur le simple citoyen», en somme, une perte de temps de surcroît couronnée par une «piètre image de l'Algérie offerte en spectacle à l'étranger», dit-il en substance. Il est possible que passé cette étape de hautes manoeuvres, «les belligérants finiront par s'entendre et s'installeront à la même table pour nous imposer un président de la République», prévoit-il. Si d'aventure, quelqu'un de l'opposition a osé dire, ne serait-ce qu'un millième de ce qu'ils sont en train de déclarer, il passera à coup sûr à la guillotine, commente-t-il. Avant de citer l'exemple du jeune blogueur qui croupit à Serkadji pour un fait hautement insignifiant tandis que la justice ne bouge pas le doigt pour des scandales de corruption chiffrés, selon les déclarations de l'ex-général Hocine Benhadid, à 50 milliards de dollars. En évoquant ceux qu'il appelle «les bouffons du roi, visibles sur le terrain», il estime qu'en fin de compte, «certains d'entre eux seront grillés comme des fusibles, d'autres seront promus tandis que le reste sera récupéré comme à l'accoutumée».