La réunion, la première d'une série dont le cadre et les échéances restent à définir, est menée par de hauts représentants des grandes puissances et présidée par le chef de la diplomatie européenne. L'Iran et les grandes puissances ont donné hier à Vienne le coup d'envoi à des négociations ardues visant à résoudre définitivement leur conflit autour du programme nucléaire de Téhéran, sur fond de scepticisme et de méfiance persistants. La réunion, la première d'une série dont le cadre et les échéances restent à définir, est menée par de hauts représentants des grandes puissances et présidée par le chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a précisé son porte-parole, Michael Mann. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammed Javad Zarif, est également présent à Vienne à l'occasion de cette rencontre, qui doit durer trois jours. A l'issue d'un dîner de travail avec Mme Ashton lundi, il avait affirmé être dans la capitale autrichienne «avec la volonté politique d'aboutir à un accord». Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait de son côté jeté un froid en déclarant ne pas être optimiste à propos de ces négociations qui ne «mèneront nulle part», tout en ajoutant néanmoins ne pas avoir d'opposition au processus déclenché depuis l'accord historique de Genève. L'enjeu est de taille: un accord permettrait une normalisation des relations internationales entre l'Iran et les Etats-Unis, rompues depuis trente-cinq ans, et éloignerait dans la foulée l'option militaire évoquée récemment par le secrétaire d'Etat américain, John Kerry. Le 24 novembre à Genève, l'Iran avait conclu avec le groupe des 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France, Allemagne) un accord intérimaire de six mois prévoyant un gel de certaines activités nucléaires sensibles en échange de la levée d'une petite partie des sanctions qui étranglent l'économie du pays. Téhéran a notamment suspendu l'enrichissement d'uranium à 20%, étape importante vers un niveau militaire (90%). Entré en vigueur le 20 janvier sous la surveillance de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), ce plan d'action doit maintenant être transformé en un accord global garantissant sans l'ombre d'un doute la nature pacifique du programme nucléaire iranien. Les grandes puissances et Israël, considéré comme la seule puissance nucléaire du Moyen-Orient, le soupçonnent d'avoir des visées militaires, ce que le régime islamique a toujours catégoriquement nié. Experts et diplomates jugent peu probable la conclusion d'un accord en l'espace de six mois, mais la période pourra être prolongée jusqu'à un an par consentement mutuel. «Ces négociations sont la meilleure chance que nous ayons jamais eu de résoudre» ce dossier de manière diplomatique, a estimé lundi soir un haut responsable américain. Néanmoins, «un manque de progrès dans les négociations à l'approche de la date d'expiration du plan d'action commun en juillet pourrait renforcer la perception que l'Iran tergiverse», souligne le Centre d'études politiques européennes. Un surplace donnerait des arguments aux parlementaires américains pour resserrer encore l'étau des sanctions, juge-t-il. Un tel scénario affaiblirait les marges de manoeuvre du président modéré Hassan Rohani, à l'origine du dégel de ces derniers mois, face aux farouches opposants à tout compromis à Téhéran, et réduirait les chances de la diplomatie à la portion congrue occidentales.