Le ton tranchant du ministre des Affaires étrangères renseigne sur la volonté de l'Algérie à ne pas jouer les seconds rôles. A la veille de l'ouverture, à Dublin, de la Conférence euro-méditerranéenne, l'Algérie jette un véritable pavé dans la mare par rapport à l'accord d'association signé avec l'Union européenne en 2002. Abdelaziz Belkhadem a indiqué dans une déclaration que l'Algérie n'est pas pressée. Il s'agit de «prendre le temps qu'il faut pour engager cette opération ne procède nullement d'une volonté d'entraver le processus de Barcelone», relève le chef de la diplomatie algérienne. Mettant en cause la sincérité des Européens quant à leur volonté de construire des relations équilibrées, Belkhadem soutient que l'Algérie «veut s'assurer des plans d'action de l'UE relatifs à la politique de voisinage avant de soumettre l'accord d'association au parlement (algérien NDLR) pour sa ratification». Un changement radical de la position algérienne que le ministre des Affaires étrangères explique par le fait que «la nouvelle politique européenne de voisinage (...) ne correspond pas à une vision commune du futur des relations entre les Etats de l'UE et les pays de la rive sud de la Méditerranée». «Nous regrettons le fait d'être perçus comme de nouveaux voisins», affirmera le chef de la diplomatie algérienne, tout en soulignant que les intérêts des pays de la Méditerranée occidentale sont interdépendants. Cela, a-t-il dit, nécessite l'élaboration «de programmes d'action dans un véritable partenariat loin de toute approche sélective et intéressée, à faire prévaloir dans un autre cadre et avec d'autres partenaires». Le ton tranchant du ministre des Affaires étrangères renseigne, si besoin est, sur la volonté de l'Algérie à ne pas jouer les seconds rôles au processus de Barcelone. Et à Belkhadem de placer la barre au niveau d'un partenariat sérieux qui tienne compte des «intérêts mutuels des Etats partenaires dans le cadre du processus de Barcelone». Revenant sur l'accord d'association, le ministre a déclaré que l'Algérie se donne le temps de voir «les résultats auxquels aboutiront les pays qui auront mis en oeuvre l'accord d'association». En d'autres termes, l'Algérie n'a pas l'intention de se laisser dicter quoi que ce soit et semble décidée à peser de tout son poids pour amener l'Europe à revoir sa nouvelle politique de voisinage. Quant à la Conférence en elle-même, il y a lieu de retenir que les ministres des Affaires étrangères de 25 pays doivent prendre part à cette rencontre qui se tient dans une conjoncture loin d'être idéale, avec notamment l'exacerbation du conflit au Moyen-Orient et l'offensive terroriste qui a gagné la Syrie et menace même la Grèce. Les experts des pays participants estiment que cette conférence revêt une importance particulière au plan de «la concrétisation du partenariat entre les pays de l'UE élargie à 25 pays depuis le 1er mai en cours et ses partenaires de la rive sud et de la Méditerranée orientale». Cela dit, les aspects de coopération économique, politique et culturelle sont censés prendre le dessus. Mais quoi qu'on dise, l'aspect sécuritaire a toutes les chances de dominer les débats, notamment de la part des pays de la rive nord de la Méditerranée. Les attentats de Madrid en mars dernier constituent à ce propos, un indice qui ne trompe pas. Mais la plus importante pomme de discorde demeure la question palestinienne. Il sera sans doute demandé à l'Europe de clarifier sa position dans le processus de paix au Moyen-Orient. Un sujet qui a, de tout temps, posé problème au processus de Barcelone.