Le Parlement turc a adopté dans la nuit de vendredi à samedi une loi fermant un réseau d'écoles privées dont beaucoup sont gérées par le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan accuse de comploter contre lui. La polémique entre M.Erdogan et le prédicateur musulman Gülen, qui réside aux Etats-Unis, a éclaté au grand jour en novembre lorsque le gouvernement a avancé l'idée de fermer ces écoles, qui sont une importante source de revenus pour le mouvement Hizmet du prédicateur. La nouvelle loi, votée par 226 voix contre 22 sur les 550 députés que compte le Parlement, prévoit la fermeture de ces écoles au 1er septembre 2015. M. Erdogan, dont le pouvoir est embourbé dans un vaste scandale de corruption, accuse les «gülenistes» d'être derrière les enquêtes menées dans ce cadre contre son équipe gouvernementale. Il a réagi en limogeant des centaines de policiers et de magistrats considérés comme liés au mouvement Gülen. M. Gülen, pour sa part, dément toute responsabilité dans le lancement des enquêtes sur la corruption. La révélation du scandale a entraîné la chute de quatre ministres et un remaniement ministériel, à quelques semaines d'une échéance électorale cruciale. Un sondage publié il y a un mois situait le Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir) à 36,3% des intentions de vote en cas de législatives anticipées, bien loin des 50% obtenus en 2011. Dans ce contexte, les élections municipales du 30 mars feront office de référendum.