Les autorités turques ont démis de leurs fonctions 25 responsables policiers supplémentaires, rapporte la presse dimanche, dans le contexte de la vaste enquête pour corruption qui secoue le pays. Dans cette affaire, 24 personnes ont été placées en détention provisoire, dont les fils de deux ministres et un responsable de la banque publique Halkbank et des dizaines d'autres ont été interpellées. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a accusé samedi des "groupes étrangers" et de "sombres alliances" d'encourager cette enquête pour corruption et a laissé entendre que les actions contre les personnes qui sont derrière se poursuivraient. Pour les observateurs, l'affaire est liée à une lutte de pouvoir entre Recep Tayyip Erdogan et le prédicateur Fethullah Gülen, très influent dans la police et la justice malgré son exil aux Etats-Unis. Le prédicateur dirige une confrérie puissante présente dans les rouages de l'Etat, y compris au sein du parti au pouvoir, le Parti de la justice et du développement (AKP). Dans ce contexte, la hiérarchie policière a en retour été sérieusement remaniée. Environ 70 policiers, dont le puissant chef de la police stambouliote, ont été renvoyés ou mutés depuis les premières gardes à vue de personnes soupçonnées de corruption la semaine dernière. Le poste du Premier ministre ne semble pas menacé dans l'immédiat, mais le différend entre son parti, l'AKP et le mouvement Hizmet de Fethullah Gülen risquent d'avoir des répercussions sur les élections municipales de mars prochain. Le Premier ministre a indiqué samedi que la répression contre les personnes derrière l'enquête de corruption allait se poursuivre. "Ceux qui veulent établir une structure parallèle au sein de l'Etat, ceux qui se sont infiltrés dans les institutions de l'Etat (...), nous allons entrer dans vos repaires et nous révélerons ces organisations dans l'Etat", a déclaré le chef du gouvernement dans un discours à Ordu dans le nord du pays. Une des premières décisions prises par le nouveau chef de la police stambouliote, Selami Altinok, a été d'interdire aux journalistes l'accès aux commissariats de police dans tout le pays, rapporte la presse dimanche.