Il soigne le corps comme il soigne les âmes avec autant d'amour et de dévouement pour son semblable... Le chantre de la musique tindi qui s'est produit le 28 avril dernier au Théâtre régional de Constantine sur initiative de Colombine Films et ce, dans le cadre de Musique plurielle, se dit grandement satisfait par l'organisation et l'énergie positive qui en découlait. Bali et son orchestre, dont sa maman, la doyenne s'il vous plaît s'était en effet surpassé cette soirée-là. Ici, il nous révèle le secret de son panache de l'autre jour et de ses projets, notamment la disponibilité prochaine, enfin, de ses disques sur le marché par le biais de Belda Diffusion. L'Expression: Bali Comment expliquez-vous, cette force d'énergie incroyable qui vous a poussé à vous surpasser ce soir en insufflant à votre concert un cachet particulier, qu'on n'a pas l'habitude de voir? Athmane Bali: Effectivement, ce qui a fait la différence ce soir, c'est le public, la salle et la sonorisation. C'est extraordinaire! La salle d'ailleurs, quand je suis rentré pour la première fois dans cet opéra, j'ai dit qu'il y avait une énergie positive dégagée par la salle et qui «chargeait» les artistes et les poussait à se donner à fond. Le public est lui aussi extraordinaire. On a l'impression de faire un concert dans l'intimité, en famille. C'est ce qui a fait que et les choristes et le luth et moi et les percussionnistes et les danseurs se sont non pas surpassés, mais se sont donnés à fond. Pour ne rien vous cacher, les rappels m'ont fait beaucoup plaisir et je pouvais continuer une autre heure sans aucun problème... Parlez-nous de votre contact avec Colombine Films et quel regard portez-vous sur le fait d'amener de la musique tindi à l'Est de l'Algérie... Mon rêve a toujours été de faire quelque chose chez moi, en Algérie. Quand j'ai reçu l'invitation de participer à ce festival par Djahida, j'avais déjà donné mon accord de principe de me produire à Paris, puis en Italie et je me suis désisté car j'ai décidé de donner mon accord définitif à l'Algérie. C'est malheureux quand je passe par Alger et les gens me demandent quand me produirai-je en concert, je leur répond que je suis juste de passage. Mon rêve est donc en train de se réaliser grâce à cette organisation. Cela est extraordinaire, des jeunes qui se donnent à fond, sans rien, pour faire quelque chose et je suis sûr qu'on ira loin car je ne peux plus me soustraire d'eux, je fais partie de la famille maintenant... On a toujours parlé de métissage, de jumelage mais on n'a jamais parlé de musique plurielle et cela est magnifique. Justement, que vous inspire ce concept, cette appellation? La rencontre avec les artistes plus leurs différentes régions et les artistes eux-mêmes, des musiques du terroir, traditionnelles qui ont tendance à disparaître sans que l'on s'en rende compte. Ce festival fait que ces musiques ne disparaissent pas! Les marier ou les assembler avec d'autres formes musicales comme le blues ou le flamenco va les ressusciter, leur donner une autre dimension, une dimension internationale, étant donné que c'est un festival international. C'est bénéfique donc, et cela rapporte beaucoup à la musique algérienne et aux musiques du monde en général. Que fait en général Bali? Généralement, il tourne. Je travaille toujours à l'hôpital de Djanet. Vous trouvez du temps, entre votre «fonction» de scène et celle de l'hôpital? Oui, soigner le corps et soigner l'âme, finalement ce n'est pas si différent que ça. C'est vrai que je change de personnage et de personnalité, quand je suis à l'hôpital et une fois fatigué par l'hôpital, je fais une tournée ou un gala et cela me change. Ce qui me repose en retournant à Djanet, c'est d'aller directement à l'hôpital. C'est étonnant, oui... Votre «fusion» extraordinaire hier sur scène avec Mario Stanchev, quel mot vous viendrait à l'esprit pour résumer cette beauté de ce mélange des genres? Cette rencontre fraternelle et artistique entre deux cultures, deux pays? Plurielle! En réalité, tout le monde sait que la musique est le langage universel. Donc, il n'y a pas d'entrave entre ces musiques. Il y avait du jazz, du blues... Nous, on fait du blues à l'état embryonnaire. Aussi, c'est du blues à l'état embryonnaire qui fusionne avec du blues adulte. La question bateau qui revient, vous tournez souvent, vous animez des concerts, mais pourquoi on ne vous trouve pas sur le marché? Sinon y a-t-il un projet dans ce sens? Effectivement, il y a un projet pour remédier à ce vide. Il s'agit de trois albums. Le live de Caracas, Kaf noun et le troisième, celui de Musique plurielle qui est en cours d'enregistrement. Kaf noun sera disponible sur le marché d'ici à trois mois. Sinon, dommage que Dris El Ouadeh, un ami qui s'occupe du management pour moi, est actuellement absent. Il a le deuxième album de Caracas dans le style contemporain sur lequel on peut trouver des musiciens: américain, autrichien, italien, franco-russe Steeve Shiha qui est un Indien Shéroki... Ces albums sortiront bientôt chez Belda Diffusion. Moi, les grosses boîtes, je n'aime pas et comme Hamidou me l'a conseillé, je suis allé voir les gens de Belda et j'ai tout de suite senti cette énergie, cette sincérité. Les yeux fermés, j'irai chez Fazil et je n'irais pas chez les autres grosses boîtes!