Créé dans les années 1990, le secteur privé n'a pas bénéficié de l'intérêt requis de la part des autorités publiques De leur côté, les gérants des cliniques privées ont été unanimes à souligner un manque important en ressources humaines. Présenté avant-hier, à Alger, le Pr Larbi Abid, directeur général des établissements de santé au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, le rapport d'inspection n'a pas été tendre avec les cliniques privées. Selon le Pr Abid, le rapport d'inspection élaboré ces derniers mois par le ministère a relevé de nombreuses lacunes dans la gestion des cliniques relevant du secteur privé, dont la non-transmission au ministère des informations relatives aux différentes maladies, l'absence de bilan sur leurs activités annuelles outre l'élargissement des locaux de ces cliniques et l'introduction de nouvelles activités, sans en informer la tutelle. L'exploitation des ressources humaines activant dans le secteur public par ces cliniques et le refus de certaines cliniques d'accueillir des inspecteurs du ministère ont été mentionnés dans le document. Le Pr Abid a averti que ces cliniques risquent la «fermeture». La plupart des cliniques privées ne disposent pas, selon le rapport, de dossiers de patients. «Un seul médecin procède à l'élaboration de rapports médicaux de tous les malades», ce qui constitue une «violation de la loi et de la profession». Il a, par ailleurs, appelé les investisseurs à ouvrir des cliniques privées dans les wilayas qui connaissent un déficit en matière de couverture sanitaire, de travailler selon les normes ISO, en intégrant les activités de ces cliniques dans le système de santé, tout en respectant le cahier des charges. S'agissant de la gestion administrative, le Pr Abid a qualifié les activités de certaines cliniques d'«illicites» les dossiers des travailleurs ne comportant pas les documents nécessaires en plus du transfert des ressources humaines du secteur public vers ces cliniques. Il a, par ailleurs, noté un déficit dans la gestion des déchets toxiques et le recrutement de spécialistes n'ayant pas passé le service civil. Les cliniques relevant du secteur privé (plus de 400 structures à travers le pays) offrent 4661 lits. Créé dans les années 1990, le secteur privé n'a pas bénéficié de l'intérêt requis de la part des autorités publiques et a été confronté à plusieurs problèmes pendant des années, a indiqué le ministre de la Santé, lors de cette rencontre relevant les lacunes et dépassements enregistrés dans la gestion de ce secteur et promettant d'oeuvrer à le rendre complémentaire du secteur public. De leur côté, les gérants des cliniques privées des différentes régions du pays ont été unanimes à souligner mardi dernier à Alger lors d'une rencontre avec le ministre de la Santé, «un manque important» en ressources humaines dans ces établissements de santé. Le manque en ressources humaines enregistré, notamment dans le corps paramédical relève de la responsabilité du ministère de tutelle qui forme pour le secteur public, qui souffre également d'un manque dans ce domaine, a estimé le Pr Kelioua, gérant d'une clinique privée à Annaba. Le directeur de l'association des cliniques spécialisées dans la procréation médicalement assistée (PMA), le Dr Benbouhidja, a indiqué que certains quittent les cliniques après avoir bénéficié d'une formation, imputant lui aussi le manque enregistré dans le paramédical au ministère de tutelle. Le propriétaire d'une clinique privée à Sidi Bel Abbès, Ghali Benfaghoul, a, pour sa part, proposé au ministère de la Santé d'autoriser certaines sages-femmes qui travaillent dans le secteur public à travailler dans le secteur privé, pour remédier au transfert illégal des ressources humaines entre les deux secteurs.Le directeur d'une clinique privée dans la wilaya de Saïda, Ghouider El Hachemi, a quant à lui salué «la franchise» qui a marqué cette rencontre et la manière dont les problèmes ont été soumis au ministère de tutelle, affirmant que sa clinique a aidé le secteur public, en envoyant des médecins anesthésistes-réanimateurs aux hôpitaux de la wilaya qui connaissent un manque dans ce domaine. L'intervenant a déploré le coût élevé du matériel médical importé et l'effet de l'augmentation des salaires dont a bénéficié le secteur public qui a poussé le secteur privé à appliquer la même grille de salaires, pour préserver la stabilité des ressources humaines dans les cliniques privées, autant de facteurs qui influent, selon lui, sur la gestion de ces dernières. Certains participants ont évoqué la question du refus des directeurs de santé de certaines wilayas d'envoyer des cas présentant des complications aux hôpitaux publics, ce qu'ils ont qualifié de pratiques «contraires à l'éthique et à la déontologie de la profession», vu que c'est la santé du citoyen qui est en danger. A la fin des travaux de cette rencontre, le ministre a proposé aux participants de soulever toutes ces préoccupations, lors des Assises nationales de la santé prévues les 2 et 3 avril prochain, promettant d'oeuvrer à trouver des solutions pour garantir une complémentarité entre les deux secteurs.