Plusieurs dizaines de citoyens ont été empêchés, jeudi dernier, par la police, d'organiser un rassemblement pacifique contre le 4e mandat à Alger. Les hommes en bleus ont embarqué sans ménagement les initiateurs de la manifestation dont les autorités ont refusé de délivrer une autorisation. Tôt dans la matinée de jeudi, des centaines de policiers ont bouclé les accès où était prévu le rassemblement. Près de 100 personnes parmi lesquelles figurent une dizaine de journalistes ont été embarquées par les forces de l'ordre qui n'ont pas fait dans le détail. Les forces antiémeute ont pris position dans les points névralgiques du centre de la capitale afin de faire avorter cette action. Comme à chaque fois, ils ont scandé haut des slogans hostiles au pouvoir: «Pouvoir assassin» «Pouvoir dégage» «Non au 4e mandat» «El Djazaïr hiya el Assas» «Non à un Etat policier». Hayat, une militante embarquée violemment par la police, indique que les opposants poursuivront leur mouvement de protestation. «J'ai vu un pouvoir frileux qui, conscient de son illégitimité, va jusqu'à réprimer un rassemblement pacifique à travers une police, qui embarquait même des citoyens de passage...», fait remarquer Mehdi Mehenni, journaliste au Soir d'Algérie, embarqué lui aussi, par la police. Plusieurs organisations des droits de l'homme ont condamné fermement cette atteinte au droit à l'expression. «La dispersion par la force et l'arrestation de dizaines de manifestants pacifiques qui protestent depuis le début du mois de mars contre la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un 4e mandat à la tête de l'Etat s'inscrivent dans le cadre d'une nouvelle vague de répression de la liberté d'expression», indique un communiqué de Amnesty International. Le candidat à la présidentielle, Ali Benflis, dénonce, encore une fois, avec vigueur les atteintes à la liberté d'expression. «Dépassements répétitifs contre la liberté d'expression et la vague d'arrestations lors de la manifestation contre le 4e mandat du président Bouteflika, organisée par le mouvement Barakat». «M. Benflis assure que le droit de manifestation et d'expression est un droit garanti par les lois de la République et que toute atteinte à ce droit constitue une atteinte à la Constitution», lit-on dans un communiqué signé par son directeur de campagne. Réagissant à cet événement, le directeur général de la Sûreté nationale (Dgsn), le général-major Abdelghani Hamel, a justifié les arrestations opérées sur les manifestants à Alger-Centre par «il fallait que les forces de l'ordre fassent leur travail pour disperser le rassemblement qui n'était pas autorisé», a déclaré le patron de la Dgsn à l'APS. Il a poursuit qu'aucune violence n'a été exercée contre les personnes interpellées et que tout le monde a été libéré. «Aucune violence. Elles ont eu droit avant d'être relâchées, à un examen médical et à l'utilisation du téléphone, dispositions prévues dans le Code de procédure pénale.»